Le jour même de la mort du Père Hamel, par un télégramme envoyé à l’archevêque de Rouen, le pape François se dit «bouleversé» par cet acte de violence. Il s’associe à la douleur et à l’horreur «pour cette violence absurde, en condamnant de façon radicale toute forme de haine».
Au même moment, le successeur de Pierre a un contact téléphonique avec le président français, à l’époque François Hollande, pour l’assurer de son soutien et de celui des catholiques.
Selon les échos recueillis par la suite, ce geste est très apprécié à l’Elysée, au point que le président de la République se rend à Rome, le 17 août qui suit, pour être reçu au Vatican par le pape. Au cours de ce bref déplacement, François Hollande se recueille quelques instants dans la chapelle dédiée aux martyrs et aux victimes du terrorisme à l’église Saint-Louis-des-Français.
Martyr. C’est le mot qui sera prononcé par le pape lors de la messe de suffrage pour le Père Hamel, célébrée à Sainte-Marthe, le 14 septembre, fête de la Croix glorieuse, en présence de la sœur du prêtre et de l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun. Le pontife reprend alors les derniers mots prononcés par le Père Hamel: «va-t’en Satan». Il ajoute que «tuer au nom de Dieu est satanique!».
Le lendemain, 15 septembre, le bréviaire du Père Hamel est déposé dans l’église de Rome dédiée aux martyrs contemporains, Saint-Barthélémy-en-l’île. Le 2 octobre suivant, le pape dispensera le diocèse de Rouen du délai de cinq ans requis pour ouvrir un procès en béatification.
Au début de l’année 2017, le 9 janvier, lors de ses traditionnels vœux au corps diplomatique, le pontife rappelle à nouveau que le terrorisme religieux est «une folie homicide qui abuse du nom de Dieu pour semer la mort». Et lance un appel «à toutes les autorités religieuses, afin qu’elles soient unies pour rappeler avec force qu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu».
Lors d’une cérémonie en mémoire des ›nouveaux martyrs’, le 22 avril, le pape se fera plus précis, affirmant que le diable «suscite la persécution» contre les chrétiens car ils ont été sauvés par le Christ.
En parallèle, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, se rend en Egypte du 22 au 23 février pour participer à un séminaire à l’Université islamique Al-Azhar du Caire. Il s’agit d’un premier pas dans le rétablissement des relations entre le Saint-Siège et Al-Azhar. Le dialogue avait été rompu depuis 2011 par l’institution cairote.
La réunion porte ses fruits: en avril, le Saint-Siège annonce que le pape se rendra en Egypte pour un voyage éclair de deux jours. Le 28 avril, pour la première fois, un chef de l’Eglise catholique est accueilli à l’Université Al-Azhar. Là encore, après avoir donné l’accolade au grand mufti Ahmed Al-Tayeb, le pape prononce un discours dans lequel il réaffirme vigoureusement sa condamnation de la violence au nom de Dieu.
«Répétons un ›non’ fort et clair à toute forme de violence» au nom de la , martèle le pontife devant les dignitaires religieux, dont un bon nombre de musulmans. Il s’agit de «falsifications idolâtriques» de Dieu, ajoute-t-il encore, et «décrétons la sacralité de toute vie humaine».
En Egypte, ce discours sans concession du pape a eu des répercussions positives, selon une analyse de Vatican Insider le 10 juillet dernier. Le directeur de la bibliothèque d’Alexandrie a demandé que ce discours soit enseigné dans les écoles publiques égyptiennes. Et pour la première fois, un imam prédicateur à la télévision a été plus tard jugé pour avoir déclaré que les chrétiens sont infidèles.
Dans son audience générale du 28 juin, le pape François poussera plus loin sa pensée, en réfutant publiquement l’appellation de ›martyr’ pour les auteurs d’attentats-suicide. Cette idée, avait-il souligné, «répugne aux chrétiens». (cath.ch/imedia/ap/rz)
Raphaël Zbinden
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