La première véritable réduction du nombre de dicastères de la Curie, attendue depuis l’annonce de la réforme, a eu lieu le 1er septembre 2016. A cette date, les Conseils pontificaux pour les laïcs et pour la famille ont en effet été regroupés en un Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Ce mouvement s’est poursuivi au 1er janvier 2017 avec la naissance du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Celui-ci résulte de la fusion des conseils pontificaux Justice et Paix, Cor Unum, pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement et pour la pastorale des services de la santé.
Signe du mouvement de réforme et d’une réflexion toujours en cours, ces nouveaux ensembles ne sont ni des conseils pontificaux, ni des congrégations, mais des ›dicastères’. Ce terme sert normalement à désigner les ›ministères’ – conseil pontificaux et congrégations – du Saint-Siège. Bien que résultant de la fusion de conseils pontificaux, ils ont à leur tête un préfet, comme les congrégations. Les statuts de ces deux dicastères doivent encore être publiés.
Dans le même sens, le récent Secrétariat pour la communication a intégré – également au 1er janvier – Radio Vatican et le Centre de télévision du Vatican. Ceux-ci cessent alors d’exister comme entités indépendantes. A terme, L’Osservatore Romano, le ›journal du Vatican’, devrait lui aussi rejoindre le Secrétariat pour la communication. Celui-ci serait alors le portail unique des médias du Vatican.
Par ailleurs, le non-renouvellement du mandat du cardinal Gerhard Müller à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi peut aussi annoncer une certaine révolution pour la Curie. En effet, le haut prélat a expliqué son départ par la volonté du pape François de ne plus forcément prolonger les mandats curiaux au-delà de cinq ans. Pour l’instant, la quasi-totalité des chefs de dicastère sont restés en poste jusqu’à leur 75 ans, l’âge de retraite canonique, voire au-delà.
Le cas échéant, cette nouvelle politique pourrait s’appliquer dès le 1er septembre prochain au cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, qui arrivera au terme de son second mandat de cinq ans. Et deux jours plus tard, le 3 septembre, au président du Conseil pontifical de la culture, le cardinal Gianfranco Ravasi, également au bout de son second quinquennat.
Autre grande réforme du pontificat du pape François: la gestion économique. Le Secrétariat pour l’économie a ainsi publié, en mars 2017, le bilan économique 2015 du Saint-Siège en commençant par le présenter selon les normes internationales. Cette publication avait cependant huit mois de retard sur la date initialement prévue et certaines données – comme le nombre d’employés – étaient manquantes.
Cette réforme, voulue par le pape François, s’appuie largement sur le Secrétariat pour l’économie, institué en 2015. Toutefois, le préfet de cet organe, le cardinal George Pell, a quitté Rome au début du mois de juillet pour répondre d’accusations d’abus sur mineurs devant la justice australienne. Il est possible que son départ retarde le déploiement de certaines mesures. Mgr Luigi Mistò, coordinateur du Secrétariat en son absence, a néanmoins estimé le 23 juillet que cette réforme avait «déjà obtenu d’importants résultats».
Une autre réforme portée par le pape argentin a été perturbée au cours de l’année 2016-2017: la gestion des abus sexuels. Le 1er mars 2017, l’Irlandaise Marie Collins annonçait son départ de la Commission pontificale pour la protection des mineurs (CPPM). Il s’agissait du troisième membre laïc à quitter cette instance.
Marie Collins avait expliqué sa décision par sa «frustration compte-tenu du manque de coopération d’autres bureaux de la Curie». Le départ du cardinal Müller de la Congrégation pour la doctrine de la foi – chargée de ces dossiers au sein de la Curie – s’explique peut-être en partie par cela. (cath.ch/imedia/xln/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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