Giuseppe Profiti, ancien directeur du Bambino Gesù et président de la Fondation, et Massimo Spina, ex-trésorier, comparaissaient devant la justice vaticane pour avoir détourné plus de 400’000 euros de la Fondation de l’hôpital, lors de la rénovation de l’appartement de fonction du cardinal secrétaire d’Etat, à l’époque le cardinal Tarcisio Bertone. Pour leur défense, les prévenus invoquent un investissement de prestige pour l’hôpital.
Lors de cette audience, les avocats commis d’office, maîtres Alfredo Ottaviani et Antonello Blessi, ont soutenu que le Vatican n’avait pas de légitimité à instruire le procès. Car selon eux, la Fondation de l’hôpital n’était pas située sur le territoire de la Cité-Etat mais en Italie, malgré le privilège d’extra-territorialité de l’hôpital.
Le président du Tribunal, le juge Paolo Papanti-Pelletier, a rejeté la demande, en s’appuyant sur le Motu Proprio du pape François Ubicumque et semper (2013). Celui-ci promeut une notion extensive de l’usage frauduleux de l’argent du Vatican. Les virements effectués au profit de l’entreprise de travaux provenaient de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA), considérée comme la banque du Vatican.
Au cours des discussions, les avocats de la défense ont également mis en cause la publicité donnée à ce procès, du fait de la présence de journalistes dans la salle et de leur influence. Là encore, la requête a été rejetée, du fait du caractère d’intérêt général de cette affaire.
Les débats ont aussi porté sur une lettre écrite par le cardinal Bertone, 82 ans, secrétaire d’Etat du Saint-Siège à l’époque, mis en cause indirectement dans cette affaire. Citée dans les actes du procès, cette lettre est tenue en haute importance par les avocats de la défense, qui envisagent même une demande de comparution du prélat.
Profiti et Spina risquent entre trois et cinq ans de prison dans ce procès qui reprendra le 7 septembre prochain, et durera au moins jusqu’au 9. Tous les acteurs du jugement se sont mis d’accord pour avancer la date initialement prévue. Les audiences auront lieu pendant le voyage du pape en Colombie.
Révélée en 2015 par la presse, l’affaire avait conduit le cardinal Bertone à verser 150’000 euros à l’hôpital du Saint-Siège, en guise de dédommagement pour le scandale.
Le collège des juges du tribunal est composé de Paolo Papanti-Pelletier, son président, de Venerando Marano et de Carlo Bonzano. Le président en titre du Tribunal du Vatican, Giuseppe Dalla Torre, n’a pas été désigné pour mener le procès, car il est membre du conseil d’administration de l’hôpital. Pour instruire le procès, côté Vatican, figure le Promoteur de justice, Gian Pietro Milano et son adjoint, Roberto Zannotti. (cath.ch/imedia/ap/gr)
Grégory Roth
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