A la tête d’un des plus grands et des plus riches diocèses du monde durant 25 ans, de 1989 à 2014, Joachim Meisner a été un personnage influent de l’Eglise en Allemagne. Maintenu à son poste jusqu’à l’âge de 80 ans, il s’est beaucoup engagé dans le débat ecclésial, mais aussi politique et social.
Né le 25 décembre 1933 à Breslau, il fuit avec sa famille, la ville, redevenue polonaise (Wroclaw) en 1945 après la défaite du Reich, vers la Thuringe. Ordonné prêtre en 1962, il est d’abord actif en paroisse avant d’être nommé directeur de la Caritas. Après avoir complété sa formation à Rome, il devient en 1975, au temps de la République démocratique allemande (RDA), évêque auxiliaire d’Erfurt, puis évêque de la ville de Berlin alors séparée entre l’Est et l’Ouest. Il est créé cardinal en 1983. En 1989, le pape Jean Paul II, à qui il est étroitement lié, le nomme archevêque de Cologne pour succéder au cardinal Joseph Höffner. Cette décision du pape suscite une vive contestation. Ce qui n’empêchera pas Joachim Meisner d’assumer cette tâche durant 25 ans. À ce titre, il accueille dans son diocèse en 2005 les Journées mondiales de la jeunesse, présidées par le nouveau pape Benoît XVI.
Au sein de la Curie romaine, Joachim Meisner sera membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, de la Congrégation des évêques, de la Congrégation pour le clergé, du Conseil pontifical pour les textes législatifs, de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège, et du Conseil des cardinaux pour l’étude pour l’étude des questions administratives et économiques du Saint-Siège constitué par le pape François en 2014.
Joachim Meisner n’a jamais hésité à s’engager dans les débats de société, déplorant la disparition de Dieu de la société consumériste. Il a notamment combattu farouchement l’avortement, l’euthanasie et le suicide assisté. En 1999 à la demande de Jean Paul II, il ordonne la sortie de l’Eglise des centres de consultation étatiques pour les femmes enceintes. En automne 2016, il intervient encore comme un des quatre signataires des «dubia» des cardinaux contre l’exhortation apostolique «Amoris Laetitia» du pape François et s’oppose à la possibilité pour les divorcés remariés d’accéder à la communion. En 2013, il est perturbé par la renonciation du pape Benoît avec lequel il a aussi un rapport amical et critique assez vertement sa décision, estimant qu’un pape ne peut pas démissionner.
Dans un message adressé au cardinal Rainer Woelki, son successeur à la tête du diocèse de Cologne, le pape François exprime sa profonde émotion à la nouvelle de son décès inattendu. «Il a été appelé de cette terre à la miséricorde, écrit le pape, je suis proche par la prière (…) de tous les fidèles de l’archidiocèse». «Avec une foi profonde et un amour sincère pour l’Eglise, le cardinal Meisner s’est dédié à l’annonce de la Bonne Nouvelle.» Le pape rend hommage également à son service dans l’Allemagne divisée après la seconde guerre mondiale, en tant qu’évêque de Berlin: «Que le Christ Seigneur le récompense pour son engagement fidèle et intrépide en faveur du bien des hommes de l’Est et de l’Ouest». (cath.ch/kna/mp)
Maurice Page
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