Le président de la CNBB a été interrogé sur la position de l’Église brésilienne concernant les appels de plus en plus pressants de l’opinion publique pour l’organisation d’élections directes et pour le retrait des affaires de l’actuel président Michel Temer, sur la sellette depuis de nombreuses semaines à propos de son implication possible dans plusieurs affaires de corruption.
Si la CNBB refuse de s’exprimer sur le sort qui devait être réservé à Michel Temer, conformément à «la tradition de notre institution de ne pas se prononcer sur les gouvernements, ni sur les partis», l’archevêque de Brasilia relève que «l’évidente crise politique, aggravée par les dénonciations contre le président brésilien, ne peut pas durer.»
Rappelant la publication par la CNBB en mai dernier, d’une note sur l’éthique en politique, Mgr Sergio da Rocha rappelle la nécessité d’un traitement rigoureux des affaires de corruption, dans le cadre de la loi. «Sur la scène politique, en particulier au Congrès National, les choses ne peuvent pas continuer comme si rien ne se passait.»
Pour le président de la CNBB, l’argument évoqué par le pouvoir en place comme quoi le pays ne peut pas s’arrêter ne peut justifier la permanence de la corruption, ni le vote empressé de certaines réformes. Car, pour le prélat, la corruption tue. «Elle tue car le détournement de l’argent public implique la négation du droit du peuple à la santé, à l’éducation, à l’emploi, à l’alimentation…»
Quant à savoir si la CNBB se prononce pour la tenue de nouvelles élections directes, Mgr Sergio da Rocha admet que si l’institution avait effectivement réfléchi au problème, «nous ne sommes pas parvenus à adopter une position commune.» Les membres de la CNBB s’accordent néanmoins sur un point: Pour éviter une crise supplémentaire, toute décision concernant de possibles élections doit être prise dans le strict cadre de la Constitution brésilienne et en écoutant la volonté du peuple. «Cela paraît évident, mais c’est cependant indispensable de le répéter sans répit», martèle le prélat.
Invité à mesurer les impacts du pontificat du pape François sur l’Église catholique brésilienne, Mgr Sergio da Rocha assure que le pape a contribué au renouveau de la vie de l’Église au Brésil et dans le monde. «Il nous a enseigné, pas seulement à travers des paroles, mais principalement grâce à des gestes concrets, chargés de symbolisme. Il a notamment marqué la vie de l’Église par la simplicité, la miséricorde, l’accueil fraternel, l’amour pour les pauvres, l’annonce de l’Évangile et la recherche de la paix. Tout cela a une incidence forte sur la vie de l’Église au Brésil et sur son action pastorale.» Dans le domaine social, «le pontife a repris les grandes lignes de la doctrine sociale de l’Église, en les appliquant au monde d›aujourd’hui.»
Le pape François a par exemple pris une défense empathique des migrants et réfugiés, la perspective écologique de la «Maison Commune». Il a durement critiqué la corruption des politiques, a proposé une économie au service des personnes et critiqué les effets pervers du néolibéralisme. «Dans le domaine politique, le pape a réaffirmé la posture que nous avons toujours adopté, qui est, en tant qu’Église, de ne prendre aucune position politique partisane, mais d’encourager la participation des citoyens à la politique.» (cath.ch/jcg/mp)
Maurice Page
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