Mgr Rémy Berchier quitte le vicariat épiscopal à Fribourg, «dans une Eglise en marche»

«Vraiment, l’Eglise qui est dans ce canton est en marche!», a lancé vendredi soir 30 juin 2017 Mgr Rémy Berchier. Lors d’une messe d’action de grâce, le vicaire épiscopal en charge de la partie francophone du canton de Fribourg prenait congé de ses collaborateurs qui ont travaillé avec lui durant les quelque 5 ans et demi qu’il a passés à ce poste stratégique.

La chapelle des Sœurs de Saint-Paul était comble et les agents pastoraux actifs dans le canton étaient venus nombreux dire au revoir à Mgr Rémy Berchier, qui quittait ses fonctions.

Une fête pour le vicaire épiscopal sortant

Les participants ont longuement applaudi quand le  chanoine Jean-Jacques Martin, nouveau prévôt du chapitre cathédral de St-Nicolas, a fait, avec humour, l’éloge de son ancien compagnon de séminaire. Mgr Berchier était fêté à l’issue de la Journée portes ouvertes organisée au Boulevard de Pérolles 38 par le vicariat épiscopal du canton de Fribourg. Cette journée a notamment permis au public de prendre connaissance des nouvelles orientations pastorales pour le canton.

Mgr Rémy Berchier a d’emblée remercié les personnes présentes à cette célébration, en particulier les frères de la communauté musulmane «pour le dialogue durant cette année», en soulignant l’importance du dialogue œcuménique et interreligieux. Et ceci notamment grâce au CERECAF, le Conseil des Eglises réformée et catholique du canton de Fribourg, la nouvelle plateforme de dialogue et de collaboration œcuménique au plan cantonal.

Mgr Berchier passe le relais «avec beaucoup de bonheur»

Le vicaire épiscopal sortant a dit passer le relais «avec beaucoup de bonheur», sûr que l’abbé Jean Glasson, actuel curé modérateur de l’Unité pastorale St-Laurent d’Estavayer-le-Lac, saura poursuivre la mission sur le même chemin, lui qui collaboré avec Mgr Berchier pour élaborer les nouvelles orientations pastorales pour le canton.

Au moment de quitter sa fonction, pour devenir, dès le 1er septembre prochain, aumônier du HFR – Hôpital fribourgeois, Mgr Berchier a évoqué les nombreux moments de joie et de grâce qu’il a connus. Sans oublier aussi les moments de solitude dans ce poste où il a dû prendre des décisions pas toujours faciles quand il a fallu restructurer l’Eglise cantonale et réduire la voilure de certains services. Il a demandé pardon à ceux qu’il a pu blesser durant cette période par ses décisions, ses jugements ou ses attitudes.

Au nom du Conseil exécutif de la Corporation ecclésiastique cantonale, des agents pastoraux et des fidèles du canton, le chanoine Jean-Jacques Martin a relevé qu’avec Rémy Berchier, il n’y avait pas de risque de se laisser installer dans la routine.

Conjuguer les exigences budgétaires et les besoins de la pastorale

«Tu as su être à l’écoute et négocier, a-t-il dit, conjuguer les exigences budgétaires et les besoins de la pastorale». Il a souligné son engagement pour de bonnes relations œcuméniques, avec la mise sur pied du CERECAF, et son souci de l’étranger, avec le lancement de «Don de Dieu, don de l’autre», un appel aux paroisses et communautés catholiques et réformées à recevoir des migrants en fournissant à la fois un logement et un accompagnement. «C’est grâce à toi qu’ont été mises sur pied les nouvelles orientations pastorales…», a-t-il souligné, en relevant son souci d’une vie de prière et de l’importance de la célébration des sacrements. Il lui a redit sa gratitude «pour ta présence simple et conviviale, pour ton humour et pour toutes tes idées, qu’il fallait parfois canaliser!» JB


Une riche biographie

Dernier d’une fratrie de trois enfants, Rémy Berchier est né le 18 juillet 1956 dans une famille d’agriculteurs qui se consacrait essentiellement à la production de céréales et à la viticulture. Originaire d’Aumont, aujourd’hui dans la commune des Montets, il a grandi à Cheyres. «Tout me destinait à reprendre le domaine, mes frères ayant choisi une autre voie, mais j’étais allergique à la poussière», confie Rémy Berchier.

Son chemin croise alors le Père Marmy, fameux missionnaire au Cameroun, qui visitait les écoles pour trouver des vocations. Prêchant lors de la retraite de première communion, il lui a demandé: «Toi, Rémy, tu ne veux pas être prêtre ?» Il est revenu pour préparer la confirmation…

Sur les traces de Charles de Foucauld

Après un «camp voc» au Bouveret, en 1968, Rémy est entré au Collège des missions du Bouveret, en septembre 1969. «Les Pères, à la fin, n’avaient plus tellement de novices. Mon vieux curé m’a dit qu’il y avait davantage besoin de prêtres chez nous qu’en Afrique. C’est ainsi que je suis allé au séminaire à Fribourg, de 1976 à 1981. On était alors 25 séminaristes».

Durant son «mois spirituel», il se rendra, avec deux autres séminaristes, dans un ermitage du désert du Grand-Sud algérien, à Béni Abbès,  «sur les traces de Charles de Foucauld», une spiritualité qui nourrit sa foi aujourd’hui encore.

Le pèlerinage, «ce chemin vers moi-même»

A la fin de ses études de théologie, pour approfondir sa connaissance des grandes spiritualités, il passe six mois au monastère bénédictin Saint-Guénolé de Landévennec, dans le Finistère, au fond de la Bretagne. Envoyé à la paroisse de Romont par Mgr Mamie, il y est ordonné diacre, le 3 avril 1982, et prêtre, le 18 septembre suivant.

Durant son passage à Romont, il accompagne les scouts derrière le «rideau de fer». A Pâques 1983, ils se rendront avec un convoi humanitaire à Lublin, en Pologne. Et aussi, avec eux, auprès de Sœur Emmanuelle, au cœur du Mokattam, un quartier du Caire spécialisé dans le recyclage des ordures. En 1991, Mgr Mamie l’envoie à Bulle. Avec les scouts de Bulle, en 1992, il met sur pied un convoi humanitaire à destination de Mostar, en pleine guerre d’ex-Yougoslavie.

Mgr Genoud le nomme ensuite vicaire général, notamment pour mettre en place les UP (unités pastorales). Il occupera cette fonction de 2001 à 2011, avant d’être nommé vicaire épiscopal pour le canton de Fribourg en 2012. Durant cette période, il fera à deux reprises, en plus de sa charge de vicaire général,  un intérim comme vicaire épiscopal pour le canton de Vaud, à Lausanne, de l’été 2004 à l’été 2006, et de l’été 2011 à décembre 2011. Il a également été aumônier militaire au sein du Régiment 7, composé de Fribourgeois, «une belle expérience!»

La Fraternité sacerdotale «Jésus Caritas»

Membre de la Fraternité sacerdotale «Jésus Caritas»,  qui s’inspire de la spiritualité de Charles de Foucauld, Rémy Berchier se retrouve dans la spiritualité monastique. Aimant la marche, il fera, en plusieurs étapes, les 2’200 km du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, de 2005 à 2009, sans parler du même parcours à vélo, de 1999 à 2000, puis l’accompagnement d’un groupe d’amis cyclistes, en 2006.

Le pèlerinage, «ce chemin vers moi-même», l’a également mené à redécouvrir Lourdes et son message. Il est, depuis 2002, directeur du pèlerinage interdiocésain de printemps, qui amène à la Grotte de Massabielle quelque 2’500 pèlerins de toute la Suisse romande, dont 250 malades et 700 hospitaliers  et hospitalières.

Une fibre sociale aiguisée

La participation à des actions humanitaires, ainsi que des voyages dans plusieurs pays d’Afrique, ont aiguisé sa fibre sociale. Mais pour lui, pendant longtemps, la pauvreté, c’était le tiers-monde: «Je la voyais ailleurs que chez nous!» Mais, bien vite, il la découvrira à Bulle.

En compagnie du Père de La Salette Josef Tschugmell, il crée l’antenne de Caritas Gruyère dans les années 1990. C’est dire si la diaconie de l’Eglise lui tient à cœur: «L’engagement en faveur des plus démunis et pour la justice sont d’ailleurs inscrits à l’article 2 du Statut ecclésiastique catholique du canton de Fribourg». Rejoindre Caritas Fribourg – il est membre de son comité –  est pour lui suivre l’injonction du pape François, «qui nous renvoie aux périphéries». (cath.ch/be)

 

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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