Centrafrique: polémique autour de l'accord de paix «Sant'Egidio»

Un important accord politique visant à la pacification de la Centrafrique a été signé à Rome le 19 juin 2017, sous l’égide de la communauté catholique Sant’Egidio. Une polémique s’est développée suite à la signature du texte par un soi-disant «représentant» du cardinal Nzapalainga.

L’accord du 19 juin prévoit un cessez-le-feu immédiat sous le contrôle de la communauté internationale et le respect de l’intégrité du territoire national. Il stipule la représentativité et la reconnaissance de tous les groupes politico-militaires pour la reconstruction du pays, le respect des résultats des élections présidentielle et législatives de 2016, ainsi qu’une collaboration étroite pour construire «une dynamique de réconciliation». Il garantit aussi la libre circulation des personnes et des biens, le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, et un engagement à protéger les ONG présentes dans le pays.

Un acte d'»usurpation»?

Le document publié sur le site, indique qu’il a été signé en présence du représentant du secrétaire général de l’ONU et chef de la MINUSCA (Mission des Nations-Unies en Centrafrique), Parfait Onanga-Anyanga, et du vice-ministre italien des Affaires étrangères, Mario Giro. Parmi les 10 signatures, figure celle de Godefroy Mokamanédé, présenté comme le «représentant du cardinal Dieudonné Nzapalainga»

Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, a cependant démenti avoir envoyé un quelconque délégué à la signature de l’accord, indique le 27 juin 2017 Radio France International (RFI). Le prélat centrafricain a assuré n’avoir mandaté personne pour le représenter aux discussions de Sant’Egidio, «ni en son nom personnel, ni au nom de la conférence épiscopale». Il a rappelé que la CECA, qui s’était réunie la semaine dernière, n’avait à aucun moment été associée aux discussions de Rome. Ancien vice-président de l’autorité nationale des élections en Centrafrique, Godefroy Mokamanédé a participé à plusieurs négociations inter-centrafricaines, mais seulement en tant qu’observateur, a rappelé Mgr Nestor Aziagba, vice-président de la Conférence épiscopale du pays (CECA). Il parle ainsi d’un acte «d’usurpation» de la part du politicien centrafricain.

Malgré cette polémique, Mgr Nzapalainga a salué l’accord ainsi que tous les efforts menés pour ramener la cohésion sociale dans son pays.

Un «malentendu» à clarifier

Interrogé sur cette confusion, Mauro Garofalo, chargé des relations extérieures de Sant’Egidio, a évoqué un «malentendu». Il ajoute que Godefroy Mokamanédé et le cardinal Nzapalainga, qui se connaissent bien, devront clarifier cela entre eux.

Le représentant de la communauté catholique a en outre assuré que cette polémique ne porterait aucun discrédit sur l’accord. Il a précisé qu’il se rendrait début juillet à Bangui pour expliquer le texte aux leaders religieux locaux, notamment aux évêques catholiques.

Déchirée par une guerre civile depuis 2013, la RCA est considérée comme un pays prioritaire dans l’action de Sant’Egidio. La communauté y est engagé depuis 2003 en faveur de la paix et du dialogue entre ses diverses composantes. (cath.ch/ibc/rfi/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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