Les djihadistes ont dynamité le 21 juin la mosquée Al-Nouri, bombardant également le minaret adjacent, la «tour de Pise» irakienne datant du XIIème siècle, autre emblème de la ville. L’Unesco a déploré ces destructions qui «creusent les blessures» de la société irakienne.
«L’Etat islamique voulait absolument éviter, sur le plan symbolique, que l’armée irakienne ne s’empare de la mosquée et y proclame sa victoire», explique, Myriam Benraad, chercheuse et spécialiste de l’Irak. D’autant plus qu’il s’agit de la mosquée où Abou Bakr al-Baghdadi, leader de Daech, avait proclamé la restauration du califat en 2014.
Sur le long terme, ces destructions de mosquées ne sont pas nouvelles. «On en a moins parlé que des destructions de lieux de culte non musulmans comme les tombeaux yézidis et un certain nombre d’églises chrétiennes», précise Myriam Benraad. Des mosquées sunnites ont aussi été détruites.
«Les irakiens vivent très mal cette destruction de la Mosquée Al-Nouri. Elle n’est pas dissociée de leur destruction physique», relève la chercheuse. Des habitants de Mossoul ont été choqués. L’attachement des populations locales à leur patrimoine, qui constitue en partie leur identité de manière intime, est très fort.
Dès 2014, les destructions intensives des mosquées, de tombeaux, d’églises, de tout ce qui constitue cette identité irakienne et dont les Irakiens sont très fiers, a contribué à l’impopularité de l’Etat islamique, à Mossoul même. On a assisté à un rejet de Daech. La population ne comprenant pas ces destructions, a considéré cela comme une trahison, surtout dans le cas où certains avait pris parti pour Daech.
On assiste à une déchirure de la société face à l’éradication du patrimoine religieux et culturel qui s’ajoute aux morts, aux blessés et à la destruction de leur habitat. Selon Myriam Benraad, tout cela fait partie d’une même dévastation qui mine les Irakiens de l’intérieur, au-delà des aspects guerriers catastrophiques que subit la société.
Au-delà de la communauté musulmane, cette destruction a bouleversé de nombreux Irakiens. Dans un communiqué officiel, l’Eglise chaldéenne a fait part de son amertume. Elle a une nouvelle fois exprimé son espérance que, malgré leurs souffrances, les Irakiens puissent »voir naître dans leurs cœurs des propositions de réconciliation pour la construction d’une coexistence pacifique et féconde». (cath.ch/radvat/bh)
Bernard Hallet
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