«Pendant que j’écris, je suis ici au Vatican, un lieu de beauté absolue, dans lequel le génie humain a cherché à s’élever et à transcender afin que l’immortalité prenne le dessus sur le corrompu». Cette beauté n’est pas un «accessoire cosmétique», assure le pontife, mais un outil qui met l’humain en valeur afin qu’il puisse lever la tête contre les injustices. «Cette beauté doit épouser la justice», souligne encore le pape, et être opposée à la corruption.
«Le terme ‘corrompu’ évoque le cœur rompu», observe-t-il. Forme de vie «désordonnée de l’homme décadent», la corruption brise la coexistence entre les personnes et remplace le bien commun par l’intérêt particulier.
Ce fléau est un «processus mortifère», «carburant de la culture de mort» des organisations mafieuses dans le monde. Il y a dès lors une profonde question culturelle qu’il faut affronter, car il en va de la présence même de l’espérance dans le monde.
Le livre du cardinal Turkson, estime-t-il, explique bien les origines de ce phénomène qu’il situe dans le cœur de tout homme. La personne corrompue ne se rend pas compte qu’elle est en train de construire elle-même sa propre chaîne, déplore-t-il, dans une forme d’indifférence face à la transcendance.
Pour y remédier il faut mettre en place un nouvel humanisme capable de vaincre cette forme de «blasphème». Dans ce contexte, l’Eglise doit elle-même se garder de sa propre tentation de corruption qui s’exprime à travers la tiédeur, l’hypocrisie, le triomphalisme ou encore par la mondanité spirituelle.
En parallèle de la sortie de cet ouvrage, le Dicastère pour le service du développement humain intégral organise au Vatican une réunion internationale sur la corruption. Cet événement, organisé en collaboration avec l’Académie pontificale des sciences sociales, réunit des personnalités ecclésiastiques, institutionnelles, des magistrats, des journalistes, des policiers ainsi que des victimes de ce fléau.
Une visite de la chapelle Sixtine et de la chambre de la Signature est prévue au terme des échanges, afin de mettre en évidence, à travers la beauté du patrimoine artistique, l’importance de la fonction éducative dans la lutte pour la justice et contre la corruption. (cath.ch/imedia/ah/rz)
Raphaël Zbinden
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