Bière de l'évêque: «L’amère supérieure» sur orbite

Malgré une météo menaçante, nombre de personnes ont investi la cour de l’évêché de Fribourg, dans la soirée du 14 juin 2017, pour déguster avec Mgr Charles Morerod, L’amère supérieure, troisième cuvée de la bière de l’évêque. Le breuvage de type Pale Ale India brassé par La Challensoise à Echallens, évoque d’abord un goût fruité avant de développer son amertume.

Derrière l’opération de communication et la joie de passer un agréable moment ensemble, Mgr Morerod tient à l’aspect caritatif de sa démarche. Caritas Genève et Caritas Vaud, qui toutes les deux fêtent leur 75e anniversaire, seront ainsi les deux premiers bénéficiaires du produit de la vente. Si cette bière est de type ‘Pale India’ ce n’est pas tout à fait un hasard non plus puisqu’une partie de la vente permettra de soutenir un centre de soins palliatifs et gériatriques à Kizhakkambalm, au Kerala, dans le sud de l’Inde.

Engagement caritatif

Dominique Froidevaux, directeur de Caritas Genève, a rappelé que l’œuvre d’entraide a été créée en 1942 pour venir en aide aux réfugiés de guerre français, notamment juifs. Aujourd’hui, si l’accueil des migrants est toujours une des principales tâches de Caritas Genève, de nombreuses autres activités dans le domaine de la lutte contre la pauvreté sont venues s’y ajouter. Pour lui, boire une bière est un excellent symbole du partage et de la joie.

«La bière permet un contact avec des gens qui ne sauraient pas comment entrer en relation avec l’Eglise.» Mgr Morerod

Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas Vaud, a relevé en souriant que le curé fondateur de l’œuvre caritative vaudoise avait créé un club de bridge afin de récolter des fonds pour ses protégés. Comme un club de bridge aurait aujourd’hui probablement moins de succès, la bière de l’évêque est sans aucun doute une excellente alternative.

6’000 bouteilles, soit 2’000 litres devraient être produits et mis en vente, explique Jean-Baptiste Henry de Diesbach, administrateur du diocèse. Soit la même quantité que la cuvée 2016, intitulée «Les 12 Epeautres».  Une production qui avait permis à l’évêché de reverser 2’000 francs à deux associations, suisse et israélienne, qui œuvrent dans la réinsertion professionnelle de délinquants.

«Tout est parti d’une blague»

L’amère supérieure pourrait bien inaugurer une tradition. «Tout est parti d’une blague», il y a un peu plus de trois ans, souligne Laure-Christine Grandjean, porte-parole du diocèse. «L’évêque aime la bière, certes. Mais c’est avant tout une tradition liée à l’histoire de l’Eglise et de ses monastères. Au-delà de l’aspect caritatif, c’est aussi un moyen de rejoindre des cercles extra-ecclésiaux. Les gens sont surpris. Ils nous rejoignent à l’évêché pour la présentation de la bière. C’est une occasion de rencontre et de partage».

«De manière générale, ajoute-t-elle, les réactions sont positives, mais le projet ne fait pas l’unanimité pour autant». Le projet soulève en effet aussi un certain scepticisme ci et là, à l’intérieur du diocèse. «Quoi que l’on fasse, certains seront contents et d’autres non, explique Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse. Il faut voir s’il y a au moins la possibilité d’un effet positif, et dans ce cas j’en vois au moins deux: on contribue à des œuvres  d’entraide, et la bière permet un contact avec des gens qui ne sauraient pas comment entrer en relation avec l’Eglise».

Pour l’évêque, «l’humour ne relève pas tellement d’une décision, de la part de ceux qui font rire comme de la part de ceux qui rient. Mais il est bon de montrer que la foi chrétienne ne rend pas triste, même si elle intègre la tristesse face à la souffrance».

Après avoir fait confiance, pour les deux premières cuvées, à un brasseur fribourgeois, l’évêché a mandaté cette année une brasserie d’Echallens. «Une manière d’établir des collaborations avec des brasseurs situés sur l’ensemble du diocèse», selon Laure-Christine Grandjean. (cath.ch/mp/pp)

Pierre Pistoletti

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/biere-de-leveque-lamere-superieure-orbite/