Dans son allocution, publiée intégralement par le Bureau de presse du Saint-Siège, le pape affirme que «qui s’est opposé à la prise de possession de l’évêque, Mgr Okpaleke, veut détruire l’Eglise». Mgr Peter Ebere Okpaleke avait été accueilli lors de sa nomination, en 2012, avec une certaine hostilité. Les prêtres reprochaient en effet au Vatican de ne pas avoir nommé un évêque originaire de leur diocèse, pour des considérations ethniques.
En conséquence, le pontife demande à chaque prêtre de ce diocèse d’écrire une lettre pour demander pardon, pour affirmer son obéissance au pape et accepter effectivement l’évêque en titre avant le 9 juillet prochain. Faute de quoi, poursuit le pape François, le prêtre sera déclaré suspens a divinis, c’est-à-dire qu’il ne pourra plus administrer les sacrements.
Le pontife affirme également connaître très bien la situation de ce diocèse nigérian. Il remercie l’évêque de sa grande patience et dit ressentir «une grande douleur pour ces prêtres qui sont manipulés, peut-être aussi de l’étranger et d’en-dehors du diocèse».
Pour le pape enfin, il ne s’agit pas d’un cas de tribalisme, mais d’appropriation de la vigne du Seigneur. «L’Eglise est mère et qui l’offense commet un péché mortel, c’est grave». Le pontife a même un temps envisagé de supprimer le diocèse.
Une situation tendue depuis 2012
Lors de la nomination de Mgr Ebere Okpaleke en 2012 par Benoît XVI, des laïcs et des prêtres du diocèse ont refusé leur nouvel évêque au motif qu’il n’était pas issu de l’ethnie Mbaise comme l’était Mgr Victor Chikwe, mort en 2010 après avoir été le premier évêque du diocèse pendant presque 25 ans.
Tout en faisant partie du peuple Ibo, majoritaire dans le sud-est du Nigeria, Mgr Okpaleke, qui a effectué de brillantes études de droit canonique à Rome, vient en effet de l’Etat voisin d’Anambra. Selon ses détracteurs, il devait être possible de trouver parmi eux un prêtre ayant les qualités requises pour être évêque. La situation dans le diocèse était si tendue que le nouvel évêque a dû être ordonné dans le diocèse voisin d’Owerri et n’a, à ce jour, pas encore pu prendre possession de son diocèse.
Pour calmer le jeu, le pape François avait, dès juillet 2013, nommé le cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja et homme rompu aux dialogues difficiles, administrateur apostolique du diocèse. L’année suivante, le cardinal ghanéen Peter Turkson, alors président du Conseil pontifical Justice et paix, avait aussi été envoyé pour évaluer la situation sur place.
Le pape François est très attentif à ce que les questions ethniques ne viennent pas troubler la vie des diocèses, notamment en Afrique. Lors de sa visite au Kenya, en novembre 2015, il avait lancé un vibrant appel au refus du tribalisme lors d’un rassemblement avec des jeunes, invitant au contraire à un attachement à la patrie, à la nation.
En septembre dernier, recevant des évêques du monde entier en formation à Rome, il avait d’ailleurs mis en garde contre «les différences dues aux différents groupes ethniques d’un même territoire» qui, avait-il expliqué, «ne doivent pas pénétrer dans la communauté chrétienne». «L’Eglise est appelée à se mettre toujours au-dessus des connotations tribales et culturelles», avait-il prévenu. (cath.ch/imedia/ap/radvat/bh)
Bernard Hallet
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