Le Monde affirme que 7 comptes bancaires dotés de 12 millions d’euros ont été ouverts en novembre 2002 aux noms des trois plus hauts dirigeants de la CEM: Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako, nommé cardinal par le pape François le 21 mai, Mgr Jean-Gabriel Diarra, évêque de San, et Cyprien Dakouo, secrétaire général de la CEM. Les fonds seraient aujourd’hui hébergés par la banque britannique HSBC à Genève.
Selon le journal, l’information proviendrait des révélations de l’affaire Swissleaks. Plusieurs médias internationaux, dont Le Monde, avaient travaillé de concert pour mettre au jour, en février 2015, un système international de fraude fiscale et de blanchiment d’argent mis en place par HSBC à partir de la Suisse. Des chefs d’Etat, des personnalités médiatiques, du monde des affaires, de la politique, du sport, ainsi que des artistes figuraient sur la liste des clients.
Le Monde précise qu’au moment où l’affaire a éclaté «les comptes en Suisse des trois plus hauts dirigeants de l’épiscopat malien passent inaperçus». Le journal français se demande ainsi «d’où viennent ces 12 millions d’euros? Est-ce que ce sont les dons des fidèles maliens qui dorment dans une banque suisse?». Le quotidien explique que «cette histoire rocambolesque mêle opacité, rencontres secrètes entre clergé malien et banquiers suisses et soupçons de détournements de fonds».
Le Monde assure que d’après les documents internes de HSBC, deux banquiers ont rencontré à plusieurs reprises les responsables catholiques maliens. Interrogé par Le Monde, Mgr Zerbo affirme tout d’abord ne pas se souvenir d’avoir un compte en Suisse. Il explique ensuite: «C’est un vieux compte. Il s’agit d’un système que nous avons hérité de l’Ordre des missionnaires d’Afrique qui géraient l’Eglise». Il assure toutefois n’avoir jamais ouvert un compte personnel à l’étranger.
Les autres responsables impliqués ont refusé de répondre aux questions. Le chargé actuel des finances de l’Eglise au Mali, l’abbé Noël Somboro, relève que ces comptes ont pu exister, mais qu’il n’en a pas la trace.
Le 31 mai, la Conférence épiscopale au Mali a diffusé un communiqué sur son site internet, où elle «s’inscrit en faux contre les allégations affirmant que certains évêques auraient procédé à un détournement de fonds des fidèles catholiques». Le texte affirme que la CEM fonctionne en toute transparence et qu’aucun évêque n’agit à titre personnel dès lors qu’il s’agit d’une mission qui lui a été confiée par ses pairs. «Une évaluation de toutes les activités est régulièrement faite», précisent encore les évêques maliens.
En outre, la CEM explique disposer d’une commission des finances chargée de la mise en œuvre de la politique de solidarité décrétée par les évêques.
Le communiqué assure ainsi que l’Eglise au Mali «accomplit sa mission d’évangélisation dans la dignité et ne peut utiliser de l’argent sale pour annoncer le Règne de Dieu».
Finalement, les prélats se demandent si «les auteurs de l’article tendancieux ne visent pas plutôt un autre objectif inavoué que celui d’apporter des informations constructives à l’opinion. Et les évêques de s’interroger: «Cet acte posé à un moment où l’Eglise du Mali vient d’être honorée par la nomination de son premier cardinal vise-t-il à salir son image et à la déstabiliser?» (cath.ch/ibc/rz)
Raphaël Zbinden
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