«Monsieur le président, considérez notre demande», implore le Père Suganob d’une voix tremblante, au milieu d’un champ de ruine. «Ils ne demandent rien du tout. Ils veulent simplement que vous quittiez les lieux pacifiquement. (…) Nous sommes au milieu de cette guerre et nous vous demandons votre aide pour leur offrir ce qu’ils demandent». Selon le prêtre, «l’implacable offensive militaire va mettre des vies en danger». Il rappelle que les militants islamistes «sont prêts à mourir pour leur foi».
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240 otages serait actuellement entre les mains des groupes musulmans, selon la prélature catholique de Marawi. L’évêque, Mgr Edwin de la Peña, explique avoir été contacté par des miliciens. Ils lui ont affirmé qu’ils n’hésiteraient pas à tuer leurs otages si l’offensive se poursuit.
Les combats entre les djihadistes qui occupent cette ville et l’armée gouvernementale ont fait plus de 100 morts depuis le 23 mai 2017, selon un communiqué de l’antenne italienne de l’Aide à l’Eglise en détresse. Le président Rodrigo Duterte avait décrété la semaine dernière la loi martiale sur cette île à majorité musulmane située au sud de l’archipel. Cette disposition exceptionnelle, qui s’applique pour une durée de 60 jours, ne rencontre qu’un soutien mesuré des évêques de la région, selon Radio Vatican.
Dans une déclaration signée par l’archevêque de Cotabotao, Mgr Orlando Quevedo, les évêques de Mindanao, tout en condamnant le terrorisme sous toutes ses formes, évoquent la loi martiale comme «un moyen de dernier recours [qui] rappelle les horreurs d’une dictature passée». Ils insistent sur le caractère temporaire de cette mesure, et assurent qu’ils n’hésiteront pas à condamner tout abus.
Le conflit oppose l’armée gouvernementale à un groupe islamiste récent, Maute, associé à Abu Sayyaf, connu aux Philippines pour ses enlèvements. Ces deux groupes se réclament de l’organisation Etat islamique à laquelle ils ont déclaré allégeance, mais les liens organisationnels entre les deux entités restent flous. «Leur histoire est en effet avant tout locale, entre irrédentisme et banditisme», selon l’ONG Europe Solidaire Sans Frontières, une association de solidarité internationale active sur place. Elle précise «qu’une bonne partie de la population se retrouve otage de combats (…) bien souvent dans une situation de grand abandon». (cath.ch/cathnews/rv/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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