Du mois de mai au mois de juin, l’EPER lance la campagne «Annoncer la couleur». Quel en est l’objectif?
La population suisse a pris conscience de la détresse humaine des réfugiés qui arrivent sur notre territoire au péril de leur vie. De nombreux mouvements citoyens ont émergé. La campagne veut les valoriser. L’EPER offre une plateforme internet pour que particuliers et ONG présentent leurs activités auprès des réfugiés. Pour sa première édition en 2016, 124 partenaires ont répondu à l’appel. Associations de la société civile, organisations, communautés paroissiales, partis et entreprises, tous sont devenus des ambassadeurs d’»Annoncer la couleur». Et en signe de solidarité envers les réfugiés et de volonté de s’engager pour une Suisse humaine, nous invitons chacun à porter un bracelet arborant le slogan de la campagne. L’an passé, on nous en a commandé 45’000 en Suisse. Cette année, nous allons plus loin en proposant un speed dating aux différents acteurs, pour favoriser la rencontre entre les actions citoyennes, les personnes qui souhaitent s’engager et les personnes réfugiées.
Ce bracelet est-il l’arme la plus efficace face aux stéréotypes?
L’élan de solidarité ne doit pas retomber. Si le nombre d’arrivées est actuellement en baisse, les réfugiés sont là et continuent d’entrer en Suisse. Ce bracelet est un acte citoyen courageux. Le porter signifie se réapproprier une identité suisse en phase avec les valeurs humaines de l’accueil. C’est rappeler aussi qu’il existe d’autres discours que celui de la peur. Il est un moyen d’engager la discussion sur le sujet en dehors des cercles de convaincus. C’est ainsi que les mentalités changeront. Pour autant, nous ne faisons pas d’angélisme. Nous invitons chacun à se confronter à ses stéréotypes par le biais d’actions concrètes menées sur le terrain. Pour se rendre compte de la richesse de la diversité, il faut la vivre.
Le 5 juin 2016, les Suisses ont accepté la révision de la loi sur l’asile. N’est-ce pas déjà un signal que les mentalités ont changé?
L’enjeu de la révision de la loi sur l’asile était celui d’offrir une assistance juridique gratuite aux réfugiés. Or, pour qu’ils en bénéficient, il faut que des ONG disposées à le faire bénéficient de moyens. Les discussions sur la mise en œuvre sont en cours entre les autorités et les associations. Toutefois, sur le terrain, la situation reste précaire pour ces personnes en exil et vulnérables. Nous ne pouvons faire l’impasse sur une mobilisation citoyenne. La révision de la loi prévoit l’ouverture de centres fédéraux avec une plus grande capacité d’accueil, dans lesquels les requérants d’asile séjourneront plus longtemps qu’aujourd’hui. On peut craindre qu’une évolution en vase clos soit peu propice à l’intégration. Quels seront leurs contacts avec l’extérieur? Les initiatives de la société civile seront donc essentielles. En effet, ce n’est qu’avec une mobilisation citoyenne que les questions liées aux droits humains ont une chance de figurer à l’agenda politique, dans la mise en œuvre de la politique migratoire, sans quoi, elles n’existent pas. (cath.ch/ref/md/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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