Les images passent en boucle sur les grandes chaînes de télévision brésiliennes. Des dizaines de milliers de manifestants -entre 35 et 150’000 selon les sources- ont réclamé une nouvelle fois la démission du président Michel Temer, au cœur d’un nouveau scandale de corruption. Objet? La révélation, le 18 mai dernier, par le Tribunal fédéral suprême, la plus haute instance juridique du pays, de l’enregistrement d’une conversation téléphonique dans laquelle il apparaît que Michel Temer a reçu des pots-de-vin de la part d’un grand patron brésilien.
Au cours de cette manifestation, sur l’esplanade des Ministères, en face du Congrès, des troubles ont éclaté et une salle de réunion du ministère de l’Agriculture a même été incendiée. La réponse a été brutale. 1500 soldats appuyés par plusieurs centaines d’agents des forces de l’ordre ont en effet été déployés, sur décret du président Temer, pour garantir l’ordre dans la capitale. Des militaires qui, comme le confirment plusieurs sources, n’ont pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants.
Le même jour, dans une interview publiée par BBC Brasil, Mgr Leonardo Steiner, Secrétaire Général de la Conférence des évêques du Brésil (CNBB) a vivement critiqué l’attitude du président Temer à propos de ces révélations de versements supposés de pots de vin. «Si le président n’a rien à se reprocher, comme il le prétend, il aurait dû dénoncer Joesley Batista, (n.d.l.r. le président du groupe JBS qui l’accuse), en mars, lorsque cet entretien a eu lieu», a déclaré le prélat.
Par ailleurs, Mgr Steiner estime que le Brésil ne supporterait pas une nouvelle tension qui consisterait à voir l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva se présenter lors des prochaines élections présidentielles en 2018 (n.d.l.r. Lula est en tête dans les sondages d’intentions de vote). Car il existe à son égard une résistance d’une partie de la société, liée au flot continu d’informations assurant qu’il serait lui même impliqué dans un scandale de corruption.
En cas d’une éventuelle sortie de Michel Temer, le secrétaire général de la CNBB a déclaré préférer la tenue d’élections directes. «Il peut aussi y avoir des élections indirectes (n.d.l.r. via le Congrès), mais cette option devra être débattue avec la société et non imposée par le Congrès ou par des groupes liés au marché, pour éviter tout risque de convulsion sociale». (cath.ch/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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