Le ramadan commence en 2017 le samedi 27 mai. Pendant ce mois sacré, la pratique islamique veut que tout musulman de plus de 14 ans s’abstienne de boire et de manger entre le lever et le coucher du soleil. Mouhanad Khorchide, directeur du Centre de théologie islamique de l’Université de Münster, au nord-ouest de l’Allemagne, répond aux débats actuels sur le jeûne dans le contexte scolaire.
Que pensez-vous en général du jeûne chez les élèves religieux, spécialement quand ils sont en phase finale d’examens?
Fondamentalement, il est possible d’interdire le jeûne, lorsqu’il est établi que la personne qui le pratique peut en être affecté, que ce soit sur un plan physique ou psychologique. Il appartient toutefois à chaque individu de décider s’il lui est possible de jeûner sans en subir de conséquences négatives. Il n’existe aucune disposition générale stipulant que le jeûne pendant une période d’examens est une pratique raisonnable ou non. Il y a des personnes qui parviennent à se concentrer et à travailler quand ils jeûnent et d’autres qui n’y arrivent pas. La décision est propre à chacun.
«Interrompre le jeûne est légitime si des raisons impérieuses l’exigent»
Des permissions exceptionnelles, notamment en ce qui concerne l’absorption de liquide, seraient-elles théologiquement justifiables?
Quand quelqu’un absorbe du liquide pendant le temps de jeûne, celui-ci est alors brisé. Mais il existe toujours la possibilité de le reprendre plus tard. Théologiquement, l’option d’interrompre le jeûne est légitime si des raisons impérieuses l’exigent. Et il est possible de rattraper ultérieurement la période d’interruption. Le cas d’une personne qui devrait passer des examens et n’arriverait pas à se concentrer à cause de cela, tomberait dans la catégorie des raisons impérieuses. Le jeûne ne doit jamais conduire à ce que la personne soit affectée ou désavantagée, de quelque manière que ce soit.
Quel comportement doivent adopter les écoles envers des étudiants pratiquant le jeûne?
L’important est que la direction ne fasse pas ressentir à ces jeunes qu’ils doivent se justifier de cette pratique. Il s’agit de communiquer aux étudiants jeûnant que leur rituel religieux rencontre de la compréhension et que notre société pluraliste accepte la diversité religieuse. D’un autre côté, les autorités scolaires doivent faire comprendre à ces élèves que cela ne va pas dans le sens du jeûne qu’ils ne puissent plus apprendre correctement en classe.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement?
Toute personne qui n’est pas en situation de pratiquer le jeûne sans que cela lui cause des perturbations de concentration ou des dommages corporels ne doit pas le faire et doit reporter son rituel à une autre période. En ce qui concerne les mois d’été, où les journées sont très longues (en Europe, ndlr.), il existe des facilitations. Elles prévoient notamment que le pratiquant peut se baser par exemple sur (l’ensoleillement, ndlr.) de La Mecque et ainsi écourter la période de jeûne. (cath.ch/kna/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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