L’annonce de l’établissement de la loi martiale est survenue après que des dizaines de terroristes du groupe Maute sont entrés dans la ville de Marawi, rapporte l’agence d’information catholique asiatique Ucanews. La ville compte près de 200’000 habitants. Les miliciens, qui ont récemment voué allégeance à l’EI, ont été impliqués dans plusieurs escarmouches avec les forces de sécurité ces derniers mois. A Marawi, ils se sont emparés d’un hôpital, d’une cathédrale catholique et d’une école chrétienne. La prison centrale et d’autres établissements ont également été occupés par les hommes armés.
Selon les premières nouvelles reçues par Ucanews, le Père Teresito Suganob, vicaire général de Marawi et plusieurs employés de la cathédrale ont été pris en otages. L’édifice a été incendié.
L’Eglise unie du Christ aux Philippines, une dénomination protestante, a également indiqué que son siège principal, des laboratoires scientifiques, la bibliothèque d’un collège, ainsi qu’une école protestante ont été la proie des flammes.
Des combats ont éclaté le 24 mai, après un raid des forces de sécurité contre une cache supposée d’Isnilon Hapilon, considéré comme le chef de l’Etat islamique aux Philippines. Des troupes armées envoyées par le gouvernement philippin ont commencé à nettoyer Marawi, rapporte Euronews le 25 mai. Il est difficile, à ce stade, de savoir si les islamistes sont toujours dans la localité ou s’ils ont pris la fuite dans les montagnes et la jungle avoisinantes. Les combats, fusillades et explosions ont fait fuir les habitants de Marawi qui se sont réfugiés dans les localités voisines.
Le président Duterte a écourté sa visite officielle à Moscou après avoir annoncé que des unités de l’EI occupaient Marawi et qu’une opération militaire était en cours. Il a décrété la loi martiale sur toute l’île du sud, qui représente un tiers du territoire et où vivent 20% des plus de cent millions de Philippins. Il menace désormais d’étendre la mesure à tout le pays.
Des dirigeants religieux et des groupes de la société civile ont critiqué les mesures du président, affirmant que la mise sous loi martiale de toute l’île de Mindanao était inutile.
Alih Aiyub, secrétaire général du conseil des oulémas des Philippines a parlé d’une décision «très dangereuse, qui pourrait mener à des abus de pouvoir».
Mgr Jose Collin Bagaforo, évêque catholique de Kidawapan, à Mindanao, estime que la déclaration de loi martiale pourrait avoir été limitée à la ville de Marawi et aux alentours.
Pour le Père rédemptoriste Amado Picardal, la mesure présidentielle est «soit idiote, soit un prétexte pour étendre le contrôle dictatorial».
Le groupe Maute, aussi connu comme l’Etat islamique à Lanao, est principalement composé d’anciens combattants du Front Moro islamique de libération, insurgé depuis 1978 contre le gouvernement philippin. Le mouvement vise à l’établissement d’un califat aux Philippines et à la création d’un Etat islamique sur toute la planète. (cath.ch/ucan/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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