«Je suis disponible pour entendre des opinions qui ne me sont pas agréables», a lancé le pontife aux prélats de la botte italienne. «Demandons les choses, clairement, sans peur», a-t-il insisté en ajoutant: «si celui qui préside [lui-même, ndlr] ne permet pas le dialogue, c’est pire!».
Pour que ce dialogue soit vraiment libre, le successeur de Pierre a demandé aux autres personnes présentes – journalistes et collaborateurs – de sortir de la salle: «extra omnes !» (dehors tous) s’est-il amusé, utilisant la formule normalement employée lorsque seuls les cardinaux restent dans la chapelle Sixtine lors d’un conclave. Cet échange a huis clos a duré près de 2h15.
Le pontife a ainsi proposé aux évêques italiens de leur remettre le texte de son intervention initialement prévue, plutôt que de le lire. Car il s’agissait selon lui «plus d’une méditation que d’une introduction» aux travaux de la Conférence des évêques italiens (CEI). «Vous l’emporterez et le lirez», a invité le pontife.
Dans ce texte, publié à l’issu de ces échanges par le Saint-Siège, le successeur de Pierre affirme que «nos infidélités sont une hypothèque pesante sur la crédibilité du témoignage du depositum fidei [le dépôt de la foi ndlr], une menace bien pire que celles venant du monde avec ses persécutions».
Reprenant la lettre aux Eglises qui ouvre le livre de l’Apocalypse, le pape y énumère certains de ces risques pour l’Eglise comme «l’abandon de l’amour», la réduction du christianisme «à une série de principes» ou encore «la tiédeur du compromis». Pour les éviter, souligne le pontife, il faut demander «la grâce de savoir écouter ce que l’Esprit dit aujourd’hui aux Eglises».
En conclusion de ce texte, l’évêque de Rome invite les prélats italiens à aller à la rencontre de toute personne avec l’empressement et la compassion du Père miséricordieux, avec un esprit fort et généreux. «A vos yeux, personne ne doit rester invisible ou marginal», car, a-t-il lancé reprenant les mots de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus: «seul l’amour fait agir les membres de l’Eglise».
En ouverture de la séance, le pape François avait salué les dix années du cardinal Bagnasco, archevêque de Gênes, à la présidence de la CEI. «Je voudrais aussi remercier la patience qu’il a eue avec moi, car ce n’est pas facile de travailler avec ce pape!», s’est exclamé le pontife argentin en riant. «Mais j’ai une crainte: comment me le fera-t-il payer samedi prochain [lors de la visite pastorale du pape à Gênes]?», a-t-il enchaîné.
Au second jour de cette assemblée générale, le 23 mai, les évêques de la CEI ont été invités à proposer trois noms au pontife pour nommer le prochain président de la Conférence. Selon un communiqué de la CEI, les évêques ont choisi le cardinal Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse, Mgr Franco Giulio Brambilla, évêque de Novare, et le cardinal Francesco Montenegro, archevêque d’Agrigente.
Le pape doit désormais désigner le successeur du cardinal Bagnasco. Il n’est cependant pas tenu de choisir parmi ces trois noms. (cath.ch/imedia/xln/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/pape-francois-dialogue-peur-eveques-italiens/