Avec un rythme rapide de quatre consistoires en quatre ans, le pape François confirme une fois de plus l’originalité de son pontificat. A titre de comparaison, son prédécesseur le pape Benoît XVI avait tenu cinq consistoires en 8 années de pontificat, créant 90 cardinaux. Son successeur, lui, aura créé le 28 juin prochain 56 cardinaux, dont 49 électeurs.
Après le 28 juin, les cardinaux électeurs en cas de conclave seront donc au nombre de 121, dont 20 nommés par Jean Paul II, et 52 par Benoît XVI. L’an prochain, les cardinaux électeurs nommés par le pape François devraient être majoritaires au sein du Sacré collège, puisque 8 prélats atteindront l’âge de 80 ans en 2018.
Il est à noter, une fois de plus, que l’actuel pontife a voulu s’en tenir strictement à la limite théorique de 120 cardinaux électeurs voulue par Paul VI, respectant ainsi l’équilibre interne au Collège cardinalice, et sa continuité. Jean Paul II, lui, était monté jusqu’à 135.
Au-delà des chiffres, la logique qui a présidé à ces nouvelles créations cardinalices est à l’évidence celle d’un rééquilibrage du Collège par les périphéries: aucune des cinq créations n’est italienne, et encore moins curiale. Avec notamment le Laos, le Salvador, le Mali, et la Suède protestante, le pape François confirme sa volonté d’universaliser le Sacré Collège. «Leur provenance de différentes parties du monde», a-t-il souligné lors de l’annonce du consistoire, «manifeste la catholicité de l’Eglise présente sur toute la terre».
Il y a sans doute aussi chez le pontife, affirme le 22 mai 2017 le vaticaniste Andrea Gagliarducci de l’agence ACI-Stampa, la volonté de mettre en avant des pasteurs «missionnaires», le plus souvent dans des conditions difficiles.
C’est le cas pour le Laos, objet d’une vieille persécution antichrétienne, du Salvador où plus récemment des prêtres ont été tués, dont le bienheureux Mgr Romero. Et également du Mali, avec un conflit oublié qui mobilise des forces armées internationales, notamment françaises. Sans oublier la Suède, où les catholiques sont un petit troupeau ayant eu à lutter pour ses droits civils et religieux, ainsi renforcé par la présence de leur premier cardinal. Même à Barcelone la ‘multiculturelle’ – ville «laboratoire de l’Europe à venir», écrit le journaliste – perdure un sentiment anti-chrétien «violent».
Pour ce dernier cas, le choix du pape François de créer cardinal Juan José Omella pourrait aussi avoir partie liée au subtil équilibre ecclésial du pays, remarque Andrea Gagliarducci.
Le 15 mars dernier en effet, la Conférence des évêques espagnols avait confirmé le cardinal Ricardo Blazquez Perez comme président, et le cardinal Antonio Canizares comme vice-président, tous deux reçus par le pape le 19 mai dernier. En deux consistoires, le pontife aura ainsi nommé cardinaux, après l’archevêque de Madrid en novembre dernier, deux prélats qui n’ont pas obtenu de leurs confrères évêques un nombre de voix suffisants lors des élections à la Conférence épiscopale.
Enfin, pour ce qui concerne le calendrier, conclut le vaticaniste américain Rocco Palmo sur son blog Whispers in the loggia, il est probable que ce nouveau consistoire du 28 juin sera l’occasion pour le pape François de consulter l’ensemble du Collège cardinalice la veille de la remise des barrettes, sur certains sujets d’importance. Cela n’avait pas été le cas en novembre dernier.
Même si les délais sont courts, un certain nombre de cardinaux sont présents à Rome à la fin juin, pour la saint Pierre et saint Paul, le 29, et les dicastères de la Curie terminent leurs dernières assemblées plénières avant l’exode de l’été. (cath.ch/imedia/ap/rz)
Raphaël Zbinden
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