D’après le Service d’information religieuse ukrainien (RISU), des collaborateurs de haut-rang de la Secrétairerie d’Etat ont dernièrement rencontré à plusieurs reprises l’ambassadrice d’Ukraine auprès du Saint-Siège, Tatiana Izhevska. Les diplomates vaticans lui ont fait part de leurs préoccupations au sujet d’un projet de loi concernant la mise en place d’un contrôle religieux, a annoncé un communiqué de la nonciature à Kiev.
Selon ce projet de loi, les organisations religieuses, dont les plus hautes autorités sont basées dans un «Etat agresseur», devront être enregistrées auprès des autorités ukrainiennes, note RISU le 21 mai 2017. Le projet permet par ailleurs d’interdire les activités d’une Eglise sur le territoire national. Ce texte est vigoureusement contesté par le patriarcat orthodoxe de Moscou, qui serait la seule dénomination religieuse à devoir ainsi s’enregistrer officiellement. Mgr Claudio Gugerotti, nonce apostolique en Ukraine, a transmis les préoccupations du Saint-Siège auprès du gouvernement de Kiev.
Mariana Betsa, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires extérieures, a assuré le 21 mai que le Vatican n’avait pas «convoqué» l’ambassadrice auprès du Saint-Siège. L’instance ukrainienne a ajouté que le Vatican n’avait «pas critiqué» les «lois religieuses» en question. Elle réagissait à une déclaration de l’archiprêtre orthodoxe ukrainien Mykola Danylevych, véhiculée par la presse russe, selon laquelle Tatiana Izhevska avait été convoquée par le pape François et que ce dernier s’était inquiété du projet de loi.
Le patriarche de Moscou s’est adressé, au sujet de ces projets de loi, aux présidents ukrainien Petro Porochenko, russe Vladimir Poutine, et français Emmanuel Macron, indique le Départment des relations extérieures de l’Eglise orthodoxe russe sur son site internet. Cyrille 1er a également sollicité la chancelière allemande Angela Merkel, le pape François, le secrétaire général des nations unies, Antonio Guterres, et le secrétaire général du Conseil œcuménique des églises (COE), Olav Fykse Tveit.
Selon le chef de l’Eglise orthodoxe russe, «l’adoption de ces projets légaliserait une pratique discriminatoire inouïe dans l’Europe d’aujourd’hui à l’encontre de la majorité orthodoxe d’Ukraine». Le patriarche souligne qu’une «législation religieuse aussi restrictive n’a jamais existé en Ukraine même à l’époque du régime communiste, tandis que le reste de l’Europe n’a connu quelque chose de semblable que pendant la période nazie en Allemagne».
Le gouvernement ukrainien, proche du clergé gréco-catholique, entretient de mauvaises relations avec le Patriarcat de Moscou, qui soutient les parties séparatistes pro-russes en rébellion armée dans l’est du pays. (cath.ch/imedia/ah/xln/ap/rz)
Raphaël Zbinden
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