«Le manque d’information de la population nous a desservi. Les gens ne connaissaient pas la possibilité pour les religions de demander la reconnaissance de communautés religieuses», justifie Kevin Grangier, secrétaire général de l’UDC Vaud. Avec seulement 3’000 des 12’000 signatures nécessaires récoltées, l’initiative «Contre l’intégrisme religieux» qu’il avait lancée le 24 novembre 2016 a échoué.
Autre raison de cet échec, selon le secrétaire général de l’UDC: «certains responsables du parti n’ont pas fait de cette initiative une priorité» et ne l’ont pas suivi sur un thème moins évident à aborder que les finances ou l’économie. «A l’UDC, on ne voyait pas le combat d’un bon œil, nous n’avons pas été suivis par tout le monde», alors que, rappelle-t-il, le congrès avait soutenu cette initiative à l’unanimité lors de son lancement.
Le chapitre n’est pas clos pour autant. S’il ne souhaite plus toucher au cadre légal du processus de reconnaissance des communautés religieuses, Kevin Grangier n’abandonne pas pour autant. Cette problématique, estime-t-il, est symbolique, elle touche la population suisse, au-delà du canton de Vaud et se situe au-dessus des partis. «Il est indispensable que le peuple puisse donner son avis sur cette question». Il se dit prêt à lancer un référendum populaire si une loi sur la communauté musulmane devait être adoptée par le grand conseil vaudois.
L’initiative avait été lancée en novembre 2016 au début de la campagne vaudoise pour l’élection au Conseil d’Etat et devait dynamiser la candidature UDC avec le dépôt des signatures dans l’entre-deux tours. La stratégie n’a pas fonctionné mais le secrétaire général de l’UDC estime que cela n’aura pas d’impact sur la campagne ni sur «la dynamique de la candidature de Jacques Nicolet au Conseil d’Etat».
L’initiative avait pour but d’interdire la reconnaissance d’intérêt public, une spécificité vaudoise. En substance, le texte visait à interdire l’octroi de toute dérogation ou tout privilège motivé par la croyance religieuse. «On ne va pas tourner autour du pot, expliquait Kevin Grangier à cath.ch en novembre. Si le texte s’applique à tous, il concerne principalement les communautés musulmanes. Toutes les communautés issues du christianisme s’inscrivent dans un environnement culturel qui leur est proche. Ce n’est pas le cas de l’islam.»
«Je suis reconnaissante aux Vaudois de ne pas s’être laissés prendre par cette propagande», réagit Ada Mara, conseillère nationale (PS/VD). Selon elle, l’UDC n’a pas abordé le débat de la bonne manière. Plutôt que l’interdiction, contre-productive à son sens, elle prône la discussion: «on voit avec l’échec de cette initiative que la société refuse cette approche stigmatisante». De plus, la conseillère explique que la loi sur la reconnaissance d’intérêt public actuelle est cadrée, précise et peut prévenir les excès. En cas de référendum, elle est prête à «refaire le débat qui a déjà eu lieu». (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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