Christophe Roisnel, prêtre français de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, a été condamné le 5 mai 2017 par la cour d’assises des Yvelines à 16 ans de réclusion pour des faits qui se sont produits en 2010, notamment au sein de l’école Notre-Dame de la Sablonnière à Goussonville, près de Mantes-la-Jolie à l’est de Paris, un établissement de la Fraternité lefebvriste.
Entré au séminaire en 1996 et ordonné prêtre en 2002, Christophe Roisnel prend les rênes de l’école privée Notre-Dame de la Sablonnière en 2006. Il profite de son ascendant sur trois enseignantes de l’établissement pour abuser d’elles sexuellement, prétextant une thérapie pour les soigner de traumatismes liés à des abus anciens, réels ou supposés. Placé en détention provisoire en 2014, il est accusé viols, de torture et d’actes de barbarie. La cour l’a reconnu coupable de viols aggravés, mais non d’actes de barbarie, dont l’accusait une de ses victimes.
«Cette affaire souligne la mauvaise gestion des cas d’abus sexuels au sein de la FSSPX», écrit le quotidien français La Croix, le 7 mai 2017. Avant l’intervention du procureur de la république, la Fraternité Saint-Pie X s’était en effet déjà emparée du dossier en faisant comparaître le prêtre déviant lors d’un procès canonique. Résultat: l’abbé Roisnel avait été mis à l’écart durant deux ans dans le couvent des capucins traditionalistes de Morgon, près de Mâcon. Le procès interne de la Fraternité avait conclu à des «actes sexuels sans fornication».
«Nous ne connaissions la gravité réelle des faits, soutient l’abbé Christian Thouvenot. Au moment du procès canonique, l’abbé Roisnel et ses victimes avaient nié ce qui s’était réellement passé». Pour quelles raisons? «Les victimes étaient peut-être traumatisées et n’ont pas osé tout avouer, avance-t-il. Nous avons donc envoyé l’abbé Roisnel en pénitence à Morgon avant qu’une victime ne porte plainte. La justice avait alors demandé des comptes à la Fraternité. Nous leur avons transmis les résultats de notre enquête et les aveux de l’époque».
Un tel cas modifiera-t-il les mesures mises en place par la Fraternité pour déceler les fragilités psychologiques des candidats au sacerdoce? «L’affaire est trop récente, nous n’avons pas encore eu le temps de prendre des décisions en ce sens», explique l’abbé Thouvenot. L’actuel Secrétaire général de la FSSPX était lui-même au séminaire avec l’abbé Roisnel. «Nous avons passé six ans ensemble. Il y avait certainement chez lui un terreau favorable au déséquilibre psychologique, mais personne ne l’a vraiment décelé. Il en va aussi de la responsabilité de chaque candidat de s’ouvrir en vérité à son accompagnateur spirituel». L’abbé Thouvenot fait part de son désarroi. «Une fois ordonné, l’abbé Roisnel vivait au prieuré de Mantes-la-Jolie avec d’autres prêtres. Il menait une vie double sans que personne ne s’en aperçoive», explique-t-il, visiblement troublé par le tragique de la situation. «Peut-être avons-nous été un peu naïf?» (cath.ch/pp)
Pierre Pistoletti
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