Aung San Suu Kyi sera reçue par le pontife selon les modalités prévues habituellement pour les chefs d’Etat ou de gouvernement, bien qu’elle ne soit que Conseillère spéciale de l’Etat et ministre des Affaires étrangères du Myanmar. Un entretien dans la bibliothèque privée du Palais apostolique est ainsi prévu entre le successeur de Pierre et la récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1991.
Cette visite fait suite au vote à l’unanimité par les députés birmans de l’établissement des relations diplomatiques entre leur pays et le Saint-Siège, le 10 mars dernier. Le Saint-Siège en avait fait la proposition le 8 février, par la voie de Mgr Paul Tsang in-Nam, nonce apostolique en Thaïlande et délégué apostolique au Myanmar.
Le même 8 février, lors de l’audience générale au Vatican, le pape François avait invité à prier «spécialement pour nos frères et sœurs rohingyas». Ils «ne sont pas chrétiens, mais sont des bonnes personnes, ce sont nos frères», avait-il lancé. Au cours des derniers mois, Aung San Suu Kyi, a été l’objet de critiques à travers le monde en raison de sa passivité, voire de son déni, quant à la situation de l’ethnie musulmane rohingya, considérée par l’ONU comme «l’une des plus persécutées au monde».
Le 28 octobre 2013, le pontife avait déjà accordé une audience à Aung San Suu Kyi mais elle était à l’époque secrétaire générale du parti politique la Ligue nationale pour la démocratie et n’occupait aucune fonction officielle. Selon le Père Federico Lombardi, alors porte-parole du Saint-Siège, cette première rencontre avait été l’occasion de rappeler que le dialogue interreligieux était «une clé fondamentale pour une cohabitation pacifique entre les peuples».
Le parti d’Aung San Suu Kyi, opposé à la dictature en place en Birmanie, avait remporté les élections générales en 1990. Mais ces dernières avaient été annulées par la junte militaire. Elle avait alors été placée en résidence surveillée par le pouvoir, ne pouvant exercer son activité politique. Durant son enfermement elle a bénéficié d’un important soutien international dont celui de neuf lauréats du prix Nobel. Libérée en novembre 2010, elle a été élue députée le 1er avril 2012, lors d’élections partielles remportées par son parti. (cath.ch/imedia/xln/rz)
Raphaël Zbinden
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