Depuis quelques jours, les préparatifs sécuritaires sont à leur plus haut niveau et supervisés par le président de la République en personne. L’objectif est de montrer au monde une Egypte qui vit la tolérance, la fraternité et la solidarité, loin de l’image des extrémistes qui portent atteinte à l’unité de la nation et qui veulent la noyer dans l’obscurantisme religieux.
Pour ce faire, tout le monde a mis la main dans la pâte: la présidence, l’armée, le ministère de l’Intérieur et les autorités locales. Les rues par lesquelles le cortège officiel passera ont été lavées, les arbres arrosés, les parkings interdits dans le quartier qui héberge la nonciature apostolique où le pape sera hébergé.
La tension monte. Aucune gaffe ne sera tolérée. L’Egypte officielle se veut désormais à la hauteur pour organiser un événement de cette envergure. Jeudi matin 27 avril avait débuté la conférence internationale de la paix, organisée par Al-Azhar, la plus haute instance sunnite du monde musulman, avec la présence, entre autres, des chefs spirituels des Eglises catholique, orthodoxes et protestantes. Une conférence dont le thème principal sera les défis et les dangers qui entravent la paix dans le monde d’aujourd’hui. Et aussi, surtout, la «fausse interprétation des textes religieux», tel que l’a précisé le grand-imam, le cheikh Ahmed Al-Tayeb.
Un discours du pape François est prévu dans l’après-midi. D’autre part, le chef spirituel des coptes orthodoxes a exprimé sa joie de recevoir le Saint-Père pour un dialogue très fraternel entre «catholiques» et «orthodoxes». Et à la fin de cette première journée, le pape François prononcera une prière œcuménique spéciale à la mémoire de toutes les victimes ayant succombé au terrorisme religieux en Egypte.
Samedi matin à 10h, heure locale, la grande messe sera célébrée en plein air au stade militaire de la Défense aérienne, dans la banlieue est de la capitale égyptienne, qui peut contenir jusqu’à 35’000 personnes. Les permis des prêtres associés dans la liturgie et dans la communion des fidèles sont émis, et les étoles qu’ils mettront portent le logo officiel de la visite papale, avec le slogan «Le pape de la paix en visite en Egypte de la paix», en arabe et en anglais.
Les chorales de six rites catholiques orientaux (copte, grec, syriaque, arménien, maronite, chaldéen) ont terminé leurs répétitions, et la présence des croyants ne sera admise que par des invitations particulières envoyées à environ 237 églises catholiques, outre les écoles et les institutions religieuses.
Avec un autel central, consacré au pape, les tribunes du stade sont décorées des drapeaux du Vatican et de l’Egypte. Tout ou presque est dû à la préparation des Affaires morales et du département de l’Ingénierie de l’Armée égyptienne. Plusieurs chaînes de télévision locales et internationales couvriront l’évènement en direct.
Le pape arrivera 30 minutes avant le début de la messe et saluera les foules venues des quatre coins de l’Egypte dans une voiture de golf ouverte. La messe, quant à elle, durera environ 90 minutes et sera précédée par plusieurs documentaires sur le Vatican et le pape.
Dans une déclaration exclusive de dernière minute, Mgr Emmanuel Ayad, évêque de Louxor et chef du comité organisateur égyptien, fait une mise au point: «Tout va bien et les préparations sont presque terminées. Je suis fier de voir la participation de toutes les instances égyptiennes officielles dans ce grand évènement. Chacune voudrait donner le meilleur de ce qu’elle peut faire. La présidence de la République et l’armée ont fait beaucoup plus que l’on pouvait imaginer. C’est en fait une visite qui ne concerne pas uniquement l’Eglise locale, mais c’est quelque chose d’une envergure gigantesque qui concerne toute la nation égyptienne. Le pape est attendu avec beaucoup de joie et de bonheur par tout le monde, et l’Egypte entière l’aime et voit en lui un grand artisan de la paix».
Rappelons que l’Egypte se voudrait accueillante et tolérante, alors que, aujourd’hui même, les chrétiens d’un village du gouvernorat de Minya (245 km au sud du Caire), du nom de Kom Al-Loufi, sont interdits de prier dans leur église par des fondamentalistes islamistes. (cath.ch/ll/be)
Jacques Berset
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