N’est-il pas insolite pour un catholique d’écrire sur la Réforme?
Paul Steinmann: Je connais le metteur en scène et acteur de théâtre Remo Sangiorgio depuis environ dix ans. Il est délégué de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) au Tessin. Il m’a demandé il y a deux ans si je voulais écrire une pièce de théâtre sur l’expulsion d’un important groupe de réformés de la ville de Locarno, en 1555. Comme j’ai toujours été très intéressé par l’histoire, en tant que théologien mais aussi sur un plan personnel, j’ai accepté.
Ce n’est donc pas une histoire que vous avez inventée?
Non. Au cours de la Réforme, il y a également eu au Tessin des bouleversements et des divisions. «L’expulsion» raconte une histoire vraie. C’est une chance que beaucoup de choses aient été mises par écrit concernant les événements de la Réforme, des événements dont la véracité a été démontrée.
«Sans la Réforme, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui»
Pourquoi aller voir une pièce de théâtre si je peux avoir la même information dans un livre d’histoire?
Pour un observateur extérieur, il est souvent difficile de se représenter quelle réaction suscitera une pièce de théâtre. Cela complique aussi l’organisation préliminaire du projet. Comment, par exemple, convaincre les sponsors d’investir dans une telle démarche?
Mais une chose est sûre: la Réforme a été un événement de grande envergure, qui a encore aujourd’hui des conséquences globales, non seulement au plan théologique, mais aussi politique et social. Or, le public n’a souvent pas conscience de cela. A travers une pièce de théâtre, il est plus facile d’accéder à cet événement incroyable. Et bien sûr de développer chez les spectateurs la conscience de ce qu’il signifie.
On dirait que vous célébrez le jubilé de la Réforme. Tous les catholiques ne voient cependant pas dans la Réforme une raison de faire la fête…
La Réforme a certes été une séparation. Et une séparation ne se fait pas sans deuil et sans douleur. Les affrontements aux niveaux théologiques, politiques et économiques ont été immenses. Beaucoup de sang a coulé. Néanmoins, une division peut toujours mener vers un développement. Nous célébrons les 500 ans de la Réforme, cette année, parce que cet événement a laissé des traces jusqu’à notre époque. Sans la Réforme, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui. Je ne dis pas que cela doit forcément être célébré, mais qu’il est nécessaire de se le rappeler. (cath.ch/ft/kath/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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