Eglise, temple, salle du tribunal, chaque étape était l’occasion d’un partage d’expérience pour les marcheurs qui ont arpenté la cité des Zähringen sous un soleil printanier. Un engagement concret de 8 kilomètres pour une quête de paix qui les a emmenés à la rencontre de différents témoins. A commencer par Marc Bugnon, procureur, qui a reçu le groupe de marcheurs au tribunal de Fribourg. Il est revenu sur un jugement récent. «Une personne condamnée pour meurtre il y a deux semaines, explique Marco Schmid, organisateur de l’événement. Il était assis à cet endroit, nous a-t-il indiqué pour concrétiser son propos. Il a été condamné à perpétuité. Marc Bugnon nous a également emmené dans la cour où le dernier condamné de Suisse romande a été exécuté au début du XXe siècle. Nous nous sommes tous recueillis à cet endroit».
«On se plaint toujours de l’absence de paix, mais que fait-on concrètement?»
Des réfugiés ont aussi pris la parole pour expliquer le drame de la guerre et le calvaire de la migration. Au temple réformé, une femme sri-lankaise a partagé sa souffrance d’avoir perdu la plupart des membres de sa famille sans savoir ce que certains sont devenus. A l’instar de son mari, enlevé par des soldats et dont elle ne sait pas ce qu’il est devenu. Quelques pas plus tard, au couvent des Cordeliers, un jeune afghan a détaillé le parcours qui l’a conduit en Suisse. «C’est la recherche de la paix qui l’a amené ici», explique Marco Schmid. Un périple périlleux où le jeune homme a été le témoin de deux naufrages en mer.
Le thème du suicide a également pris une place importante dans la démarche, cette année. «Différentes personnes du comité d’organisation y ont été confrontées ces derniers mois, dans leur famille ou leur entourage. Nous tenions à aborder ce sujet douloureux aujourd’hui, et ce d’autant que la marche de l’année dernière avait été marquée par le suicide de la fille d’une participante».
Marco Schmid a lui-même pris la parole au cours de l’événement pour évoquer l’impuissance et l’inutilité parfois ressenties face au suicide d’un proche. Une manière d’aborder avec courage cette réalité pour s’interroger sur la manière dont la paix pourrait se frayer un chemin jusque dans ces impasses.
Parmi les moments particulièrement forts, la soixantaine de marcheurs a parcouru en silence une partie du parcours avec de se recueillir Rue de Morat, en plein centre-ville. Un «cercle de silence» qui interpelle les passants et qui soude le groupe. Marco Schmid espère que cette démarche favorise une meilleure compréhension de ce que représente la paix pour les participants, comme pour les témoins de ce moment de recueillement. «Nous avons croisé des centaines de personnes. Ils nous ont vu avec nos foulards et nos pancartes. Peut-être cela aura-t-il suscité une discussion sur le thème de la paix entre deux amis sur la terrasse d’un bistrot. Ce serait déjà une victoire en soi».
C’est un désir de concret qui pousse l’organisateur à mettre sur pied l’événement depuis quatre ans. «On se plaint toujours des violences et de l’absence de paix, mais que fait-on concrètement? Je souhaite proposer un signe concret et proposer à ceux qui le désirent de sortir de leur confort». Il en est convaincu: «La quête de la paix n’est pas abstraite» (cath.ch/pp)
Voir aussi: www.marchepourlapaix.ch
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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