«Nous sommes juste une bande de copains, animés de valeurs chrétiennes. Et nous avons décidé d’aller au-delà des mots». La présentation est succincte, mais chargée de sens. Markus Burren préside les Sarments de Lavaux, une association engagée dans l’action humanitaire. «Quand on a vécu une vie familiale remplie, quand les enfants sont sortis du nid, on s’intéresse à autre chose…», ajoute Jean-Marc Riss, secrétaire des Sarments. Les deux sexagénaires ont voulu rendre «ce que la vie leur avait donné».
Leur engagement est entier. L’aventure commence simplement: en 2007, Jean-Marc Riss et son épouse Liliane, d’origine libanaise, se préoccupent d’un jeune garçon, Jamal, 7 ans. Ce jeune kurde, à la personnalité rayonnante, est sourd et a besoin d’implants auditifs. Des fonds sont récoltés en Suisse pour opérer le garçonnet sur place via une œuvre libanaise. Corolaire de ce premier pas, les Riss réalisent les besoins des enfants sourds et malentendants, à Beyrouth. Bientôt, huit autres enfants vont bénéficier d’appareillage grâce au coup de pouce helvétique.
Et l’engagement s’amplifie. Les donateurs entrent en contact avec Mission de Vie, une communauté nouvelle du Liban. Ce mouvement religieux maronite devient un partenaire privilégié de l’association qui naît en Suisse en 2011 sous le nom des Sarments de Lavaux. «En fait la DDC à Berne était prête à donner du lait en poudre pour le Liban. Mais il fallait une structure. Alors on a créé l’association».
Et pourquoi cette appellation originale? «Les Sarments, car nous sommes une région viticole et le Lavaux, et la région est connue grâce au label de l’Unesco. Et aussi parce que le Christ nous dit: ‘Je suis le cep et vous êtes les sarments'», indiquent Markus Burren et Jean-Marc Riss.
La Mission de Vie garantissant la distribution sur place, les Sarments renforcent leur action. Du matériel médical, remplacé à Lausanne, est envoyé au Liban. Ainsi que le lait en poudre, fourni par la Direction du développement et de la coopération. Une véritable aventure logistique et humaine.
«Le lait, en boîtes de 5 kg, est amené à Rotterdam en camion, puis vers le Liban en bateau. A Beyrouth, le lait est dédouané sans frais, puis transporté par l’armée libanaise vers les camps de réfugiés», détaille Jean-Marc Riss. Car depuis 2011, le conflit en Syrie a conduit des centaines de milliers de réfugiés au Liban.
Les besoins sont immenses. «Imaginez, 30% d’augmentation de la population libanaise depuis 2011, avec l’afflux des réfugiés… Ce sont 1,5 million de personnes en situation de besoin. C’est dramatique!».
«Pas de principe d’’arrosoir’; nous choisissons deux ou trois actions par an»
Les trois tonnes de lait acheminés depuis la Suisse ne sont qu’une infime partie de l’aide nécessaire. «Mais tout ce que nous récoltons est acheminé, plaide le président Burren. Et 100% de ce que nous récoltons, en biens matériels ou en argent, est transmis. Il n’y a pas de frais administratifs ou de secrétariat…»
Les Sarments balaient large. Outre Mission de Vie, d’autres organes humanitaires libanais ont bénéficié de leur appui. Ecole et foyer pour enfants défavorisés, SDF, couvertures et matelas pour les réfugiés, médicaments.
«Notre action est une manière de nous retrouver, une dizaine de copains, tous les deux mois pour le comité, précise Markus Burren. Et on cible nos actions. Pas de principe d’’arrosoir’, mais deux ou trois actions choisies par an». Actuellement, le regard est tourné vers un hôpital pour SDF et vers un centre de vie ouvert à toutes les générations, à Beyrouth.
Mais le Moyen-Orient ne suffisait pas. Les Sarments ont également pris pied sur le continent africain, au Burkina Faso. Avec l’Alliance Missionnaire Internationale (AMI), une œuvre de l’Eglise évangélique qui soutient des orphelinats.
Côté projets, les Sarments de Lavaux veulent densifier leur action. Avec le même souci d’efficacité. «Nous nous engageons, mais nous voulons aussi être certains que l’aide arrive à l’endroit où nous le souhaitons». Bientôt, le lait en poudre de la DDC va passer sous l’égide du Programme alimentaire mondial, le PAM. «Cela va nous obliger à repenser une de nos finalités, avoue Jean-Marc Riss. Car les besoins ne diminuent pas…». La bande de copains est disposée à écrire une nouvelle page de leur histoire de solidarité internationale. (cath.ch/bl)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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