L’UCL explique dans un communiqué avoir été interpellée par l’association Synergie Wallonie au sujet d’une note utilisée dans le cadre d’un cours et rédigée par l’un de ses chargés de cours invités, Stéphane Mercier, sur le thème de l’avortement. Pour les autorités de l’UCL, la note dont elle a eu connaissance est «en contradiction avec les valeurs portées par l’université». Après avoir entendu Stéphane Mercier, l’UCL a donc décidé, le 24 mars, d’entamer une procédure disciplinaire à son encontre et a suspendu son enseignement jusqu’à nouvel ordre. L’université rappelle que, dans l’esprit de la loi belge dépénalisant l’avortement adoptée en 1990, elle respecte l’autonomie des femmes à poser ce choix, dans les circonstances précisées par le législateur.
Stéphane Mercier a été, le 25 mars, un des orateurs invités de la Marche pour la vie qui a réuni 2’000 personnes à Bruxelles. Il est revenu sur la polémique déclenchée après sa note. «Il est de ma tâche en tant que philosophe de méditer librement sur le sens et la dignité de la vie», a-t-il relevé. «Une université catholique devrait, selon moi, également défendre la dignité de la vie. Je crois que les étudiants universitaires sont parfaitement capables de penser de manière critique et de comprendre la valeur qu’a la liberté d’expression».
Dans une interview à La Libre Belgique, le professeur insiste: «J’ai usé de la liberté académique. Il n’y a aucun abus ! J’ai présenté un argumentaire philosophique en faveur du droit à la vie. C’est tout ce qu’il y a de plus normal. C’est même la moindre des choses, quand on y pense.» Il affirme qu’il ne comprend absolument pas la position de l’UCL.
L’ampleur de la polémique a poussé les évêques francophones de Belgique à réagir. Dans un communiqué, les évêques affirment faire confiance à la procédure interne menée par l’UCL. Ils espèrent que la discussion contribuera à un débat serein sur l’avortement dans la société. Ils rappellent également qu’ils sont opposés à l’avortement en raison du respect de la la vie.
Le communiqué épiscopal précise aussi que, selon le droit belge, il n’existe pas de ‘droit à l’avortement’. La loi prévoit que l’avortement peut être être pratiqué moyennant certaines conditions stipulées par la loi sans entraîner de poursuites pénales. La loi prévoit ainsi dans quels cas l’avortement est autorisé ou non. Mais comme tel, l’avortement reste un délit et relève toujours du droit pénal, notent les évêques.
Après ce rappel juridique, le communiqué souligne que même si l’Eglise est opposée à l’avortement, elle fait la distinction entre la personne et l’acte. Elle comprend que certaines femmes en arrivent à décider d’un avortement quand elles sont dans des situations pénibles, difficiles voire désespérées. La gravité de l’avortement est un drame pour l’enfant, pour ses parents et pour la société. Par compréhension pour ces situations dramatiques, les évêques tiennent à ce que l’on parle toujours avec nuance et tact des personnes et des couples qui font le choix de l’avortement. (cath.ch/ag/mp)
Maurice Page
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