Mexique: l’Eglise traite les partisans du mur de «traîtres à la patrie»

L’Eglise catholique mexicaine a qualifié «d’immorales» et de «traîtres de la patrie» les personnes entendant participer à la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique, impulsé par le gouvernement du président Donald Trump.

Le texte, publié le 26 mars 2017 dans l’hebdomadaire Depuis la foi de l’archevêché de Mexico, adresse plusieurs critiques à l’administration de Donald Trump et au gouvernement mexicain. Il fait ainsi référence à «quelques entreprises de capital mexicain» qui ont récemment manifesté leur intérêt à participer à l’appel d’offres du gouvernement des Etats-Unis, pour l’extension de la barrière entre les deux pays.

Pour l’archevêché, «il est lamentable que, de ce côté de la frontière, il y ait des Mexicains prêts à collaborer à un projet fanatique qui anéantit la bonne relation entre les deux nations».

«Affront à la dignité humaine»

Selon l’hebdomadaire de l’Eglise les entreprises utilisent «l’argument facile consistant à dire qu’elles créent des emplois, alors qu’elles sont uniquement intéressées par les profits, sans se préoccuper des conséquences.» La publication affirme également que «se joindre à un tel projet constitue un grave affront à la dignité humaine et revient à se tirer une balle dans le pied.»

Au-delà, les autorités religieuses estiment que ce qui surprend davantage, c’est la faiblesse affichée des responsables économiques au sein du gouvernement mexicain, qui ne montrent aucune fermeté avec ces responsables d’entreprises. Et de regretter que le gouvernement du président Enrique Pena Nieto ait cherché une stratégie de rapprochement et de dialogue avec l’administration Trump, en évitant de s’opposer directement à ses politiques migratoires.

Prélude à la destruction de la démocratie

Le texte ne se prive pas de critiquer la politique du président américain. L’Eglise mexicaine rappelle ainsi que la barrière entre les deux pays -qu’elle nomme «mur de l’ignominie»- «doit présenter des caractéristiques de solidité des infrastructures et d’esthétique douce (conformément aux exigences du gouvernement américain) pour cacher, sous la peinture et les lumières, la haine, la mutilation et la division.»

Pour conclure, l’Eglise au Mexique affirme que le mur est «un monument d’intimidation et de silence, de haine xénophobe pour faire taire les voix des travailleurs mal payés et maltraités, de familles sans protection et de personnes violentées». Il signifie également «le prélude à la destruction des valeurs de la démocratie et des droits sociaux.» (cath.ch/jcg/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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