Au vu de l’allongement de la vie, a affirmé le pape au cours d’un discours d’une vingtaine de minutes, 60 ans est devenu le temps de la maturité, mais aussi celui de la remise en cause. Ainsi «l’Union européenne est appelée se remettre en cause», a-t-il exhorté les dirigeants européens, réunis dans la salle Royale au Vatican.
L’Europe ne peut être seulement un «ensemble de règles à observer», a expliqué le pontife, ni un «recueil de protocoles et de procédures à suivre». La richesse de l’Europe, au contraire, a toujours été selon lui son ouverture spirituelle sur le sens de l’éternel.
L’Europe a un patrimoine d’idéaux et de spiritualité unique au monde qui mérite d’être proposé à nouveau avec passion et avec une fraîcheur renouvelée, a souligné le pape. C’est pour lui le «meilleur antidote» contre le vide de valeurs de notre temps, lequel nourrit l’extrémisme.
«Dans notre monde multiculturel, a-t-il ajouté, ces valeurs continueront à trouver plein droit de cité si elles savent maintenir leur lien vital avec la racine qui les a fait naître», à savoir le christianisme.
Qualifiant l’Europe de «la péninsule de l’Asie», le pape argentin a également demandé à l’Europe de s’ouvrir à l’avenir, aux jeunes, en leur offrant des perspectives d’éducation, de travail, en investissant dans la famille, «cellule fondamentale de la société». L’Europe doit aussi respecter la conscience de ses citoyens, a poursuivi le pontife, garantir la possibilité d’avoir des enfants, et défendre la vie «dans toute sa sacralité».
Famille de peuples, unie dans les différences, l’Europe est pour le pontife un esprit de solidarité, une ouverture au monde, et elle met au centre la personne humaine.
La solidarité, notamment, est pour lui l’antidote le plus efficace contre les populismes modernes, guidés par l’égoïsme et les particularismes. L’ouverture au monde se caractérise aussi par une capacité de dialogue, une identité qui a toujours été pour lui multiculturelle. La crise migratoire pose ainsi pour le pape François un problème qui est avant tout culturel avant d’être «numérique»: «quelle culture propose l’Europe aujourd’hui ?», a-t-il interrogé.
L’Europe n’a pas devant elle une vieillesse inévitable, a-t-il encore affirmé, mais elle a aussi la possibilité d’une nouvelle jeunesse. A Strasbourg en 2014, le pape avait parlé de l’Europe comme une «grand-mère» fatiguée.
Parmi les dirigeants des institutions européennes, figuraient Antonio Tajani, président du Parlement européen, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne.
«Nous sommes l’Europe de saint Benoît, des mille abbayes, de Cluny, des Lumières, de Pascal», a affirmé Paolo Gentiloni, président du Conseil des ministres de la République italienne, dans son discours introductif. Citant aussi la mort du Père Jacques Hamel et le récent attentat islamiste de Londres.
A la fin de la rencontre, le pape François et le président français François Hollande ont échangé une accolade chaleureuse. Les chefs d’Etat et de gouvernement, moins le Premier ministre britannique Theresa May, ont rejoint la chapelle Sixtine pour la traditionnelle photo de groupe. Les accompagnaient, parmi les clercs, trois membres de la Secrétairerie d’Etat: le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les Etats, et Mgr Angelo Becciu, subsitut aux Affaires générales.
Egalement présents lors de la rencontre les cardinaux italien Angelo Bagnasco et allemand Reinhard Marx, au titre des Conférences épiscopales européennes. L’Europe et le Saint-Siège ont des destins indissolublement liés, «par disposition de la Providence divine», avait affirmé en préambule le pape Franbçois. (cath.ch/imedia/ap/be)
Jacques Berset
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