L’archevêque de Dakar visitait le nouveau khalife Abdoul Aziz Sy Al Makhtoum, à la suite du décès, la semaine dernière, de son prédécesseur, Cheikh Ahmeth Tidiane Sy.
Mgr Ndiaye craint les développements actuels au plan politique. Mgr Ndiaye conduisait une délégation de l’Eglise catholique à Tivaoune, capitale mondiale de la confrérie des Tidjanes.
Cité par la presse sénégalaise, il a indiqué que «le plus important est d’éviter les règlements de compte […] Il faut vraiment respecter les lois démocratiques pour qu’on puisse aller aux élections à la loyale, et laisser le peuple souverain décider de ceux qu’il veut investir».
Des élections législatives auront lieu au Sénégal le 30 juillet prochain pour renouveler le parlement qui passera de 150 à 165 députés. Dans cette perspective, le pays vit dans une »pré-campagne électorale précoce», marquée par des attaques verbales entre adversaires politiques. Pour l’archevêque de Dakar, si la volonté démocratique est respectée, »nous nous serions alors donné les moyens de vivre en paix».
Il a rappelé que le Sénégal offrait au reste du monde, un «bel exemple d’un dialogue islamo-chrétien bâti sur la fraternité et le respect de l’autre dans sa différence». «Ce bel héritage légué par nos anciens, a-t-il poursuivi, nous souhaitons avec vous (les chefs musulmans) le préserver, le faire fructifier et le protéger pour bâtir ensemble un Sénégal de justice et de paix».
Dans sa réponse, Abdoul Aziz Sy Al Makhtoum a exalté les relations harmonieuses entre musulmans et chrétiens au Sénégal, indiquant que dans sa propre famille, ils ont des oncles catholiques. «Ce sont des hommes de l’Eglise qui font partie de notre conseil d’administration familial. Ils y prennent part, et donnent leur avis», a-t-il remarqué.
«Notre oncle, Joseph Turpin, nous représentait dans plusieurs réunions au Sénégal et en Europe», a-t-il dit, tout en relevant qu’au Sénégal, «rien n’a été inventé dans le cadre du dialogue islamo-chrétien, puisque la quasi-totalité des enfants musulmans étudient dans le privé catholique. J’envoyais moi-même mes enfants à l’école privée catholique, dès le primaire, par ce qu’il y a, dans ces écoles, une bonne éducation, une bonne surveillance et un très bon savoir-vivre».
Selon Abdoul Aziz Sy Al Mkahtoum, jusqu’à sa mort, le défunt khalife général des Tidjanes avait toujours à ses côtés un chrétien catholique du nom de François, qui se chargeait de ses linges de corps et qui savait toujours ce qu’il voulait ou ne voulait pas. «C’était (aussi) moi que la famille envoyait pour participer au Vatican, aux rencontres internationales sur le dialogue islamo-chrétien». (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
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