A cause de leur engagement féministe, les deux religieuses Jadranka Rebeka Anić et Mercedes Navarro Puerto se sont vues retirer leur permission d’enseigner la théologie catholique. La théologienne croate enseigne désormais dans un institut étatique de sciences sociale, tandis que la religieuse espagnole continue de publier des écrits féministes.
Pour Irmtraud Fischer, professeur d’Ancien Testament à l’Université de Graz, auteure de la laudatio, ces deux femmes sont des martyres, témoins de la liberté de parole dans l’Eglise et de leur conviction que les femmes ne sont pas des chrétiennes de seconde classe.
Jadranka Rebeka Anić a répondu par un exposé intitulé «Gender – où est le problème?». Pour elle, la notion de genre est souvent mal définie et mal interprétée. Ainsi les mouvements anti-genre ont-ils une forte composante politique souvent liée au conservatisme de droite. En Hongrie par exemple les campagnes anti-genre sont couplées aux campagnes contre les migrants voire antisémites. Selon elles, les tenants de la théorie du genre seraient une oligarchie sioniste désireuse de légitimer l’homosexualité. De telles pensées trouvent des relais dans des documents ecclésiaux, s’inquiète la théologienne croate. Et des théologiennes qui s’occupent de ces questions seraient menacées de perdre leur emploi.
Mercedes Navarro Puerto a souligné combien ce prix était vraiment une fête de la liberté. En tant que religieuse féministe, parmi beaucoup d’autres, elle se sent confortée dans sa pensée.
L’initiative populaire pour l’Egalité dans l’Eglise adoptée dans le canton de Bâle demande que les autorités ecclésiastiques bâloises s’engagent pour un accès au sacerdoce indépendant de l’état civil et du sexe des personnes. C’est une manière de poursuivre la discussion sur l’ordination des femmes.
Enfin les initiantes de la marche «pour une Eglise avec les femmes» ont su ouvrir un chemin courageux et original pour faire valoir leurs revendications auprès des autorités de l’Eglise. En allant à pied de Saint-Gall jusqu’à Rome pour remettre leur demande au pape François, elles ont suscité une vague de soutien et d’enthousiasme qui s’est encore manifestée lors de la remise du prix à Lucerne. Dans son mot de remerciements, Hildegard Aepli a annoncé la parution prochaine d’un film sur leur aventure joliment intitulé «habemus feminas». Et elle a entraîné la foule présente dans le chant des pèlerines. (cath.ch/kath.ch/mp)
Le Prix Herbert-Haag
Le «Prix pour la liberté dans l’Eglise» est doté de 10’000 francs. Il a été créé en mémoire de Herbert Haag (1915-2001), professeur d’Ancien Testament à l’Université de Tübingen, en Allemagne. Il honore des personnes ou des institutions qui s’engagent pour la liberté dans l’Eglise. Il compte parmi ses récipiendaires Leonardo Boff, Mgr Jacques Gaillot, Eugen Drewermann, Stefan Pfürtner, «l’Initiative des prêtres» en Autriche, ou encore Soeur Pat Farell, ancienne présidente de la Conférence des supérieures religieuses des Etats-Unis (LCWR).
Maurice Page
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