Bien que traditionnellement effectuée tous les cinq ans, la dernière visite ad limina pour les évêques du Canada remonte à 2006.
Cette visite intervient en effet un peu plus d’un mois après l’attentat terroriste survenu dans une mosquée de Québec, le dimanche 29 janvier 2017. Par l’intermédiaire du cardinal Pietro Parolin, son secrétaire d’Etat, le pape François avait alors exprimé sa profonde sympathie aux blessés et à leurs familles, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont contribué aux secours. Le pontife avait aussi spécialement rencontré le 30 janvier dernier à Rome le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque métropolite de Québec. Le 29 janvier, deux hommes avaient fait irruption dans une mosquée de Québec et tiré sur des fidèles à la fin de la prière, tuant six personnes.
Fin février, le parti du Premier ministre Justin Trudeau avait déposé une motion à la chambre des députés, pour condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse. Mais le texte avait provoqué de vives réactions de la part de l’opposition conservatrice, laquelle s’oppose à un traitement de faveur envers la religion musulmane. Des manifestations avaient eu lieu dans tout le pays pour soutenir, ou au contraire dénoncer, la motion.
Par ailleurs, plusieurs questions liées à l’Eglise occupent actuellement le centre des débats au Canada. Celle de la laïcité est revenue récemment dans l’actualité après la décision de l’hôpital du Saint-Sacrement à Québec, en février 2017, de retirer un crucifix ornant son hall d’entrée. La direction de l’établissement avait déclaré «être tenue à l’obligation de neutralité religieuse de l’Etat».
Le cardinal archevêque de Québec, Mgr Gérald Cyprien Lacroix, avait exprimé «sa vive déception» estimant que le retrait du crucifix «exprime tout le contraire» de la discussion publique défendant la tolérance. Face à une polémique grandissante, le ministère de la Santé avait tranché en faveur de l’Eglise, considérant le respect dû à l’histoire et la reconnaissance envers la communauté des Sœurs de la charité.
Autre sujet auquel doit faire face l’Eglise au Canada, celui des migrants, en lien avec la nouvelle politique américaine depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Des centaines de réfugiés en provenance des Etats-Unis ont traversé illégalement la frontière canadienne ces derniers mois, en plein hiver, afin de pouvoir présenter leur demande d’asile.
En raison des accords qui lient les Etats-Unis et le Canada, les Eglises avaient exprimé leurs craintes que des réfugiés ne soient empêchés de recevoir l’asile au Canada.
Les évêques canadiens présenteront aussi une vue d’ensemble de la vie de l’Eglise dans leur région respective, et rencontreront les responsables des différents dicastères de la curie romaine. Des célébrations eucharistiques au tombeau de Pierre dans la basilique Saint-Pierre, de même que dans les basiliques majeures Saint-Jean-de-Latran, Saint-Paul-hors-les-Murs et Sainte-Marie-Majeure sont prévues.
Ces visites des évêques du Canada s’effectueront selon les dates suivantes: du 16 au 18 mars pour les évêques de l’assemblée de l’Atlantique; du 27 mars au 2 avril pour les évêques de l’Ouest; du 24 au 29 avril pour les évêques de l’Ontario, et du 2 au 12 mai pour ceux du Québec.
En novembre 2016, le pape François avait déjà reçu une délégation de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC). La délégation était présente à Rome dans le cadre des rencontres annuelles entre la présidence de la CECC et un certain nombre de dicastères du Saint-Siège.
Selon le dernier recensement datant de 2011, 67,3 % des Canadiens s’estiment chrétiens, parmi eux 38,7 % se disent catholiques. (cath.ch/imedia/ah/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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