Outre son rôle d’aumônier du monde paysan, le Frère Charles Dousse a travaillé en pastorale paroissiale dans la Broye fribourgeoise de 1979 aux années 2000.
Le Frère Charles Dousse écoutait, interrogeait et agissait, se souvient Madeleine Rossier, secrétaire de l’ACAR. «A l’aube des années 1970, les paysans ont commencé à se rassembler dans un mouvement pour défendre leurs droits. Ils cherchaient un aumônier. Quelqu’un leur a suggéré de demander au Frère Charles Dousse qui rentrait du Tchad. Il était déjà connu comme un capucin remuant. Et nous étions un peu méfiants», reconnaît-elle aujourd’hui. Mais après deux rencontres, les doutes étaient dissipés et ce fut le début d’un compagnonnage de longue haleine. Le Frère Charles s’engage d’abord pour dénoncer l’armée qui achète des terres dans la région de Romont pour y établir un parc automobile. C’est à ce moment là que certains milieux commencent à dénoncer les capucins «rouges» de Romont qui ‘corrompent la jeunesse en diffusant des idées marxistes-léninistes’.
Le combat suivant des paysans se fera contre la politique de la Migros qui veut impose ses prix aux producteurs. L’affaire connaît son paroxysme en janvier 1974, lorsque le Frère Christian, un des confrères du Frère Charles, est interrompu en pleine homélie par le président de paroisse et qu’une partie des fidèles quittent l’église. «Les paysans craignaient de rejoindre l’ACAR de peur de perdre leurs subventions ou leur contingent laitier», se souvient Madeleine Rossier. Elle-même, maîtresse ménagère à l’école d’agriculture de Grangeneuve, doit se justifier de ses engagements politiques. Mais le Frère Charles savait redonner du souffle et de l’espoir, par exemple en créant des comités d’entraide et de soutien lors de remises d’exploitation.
Finalement la communauté des capucins de Romont est fermée et le Frère Charles reprend un ministère paroissial dans la Broye fribourgeoise tout en conservant l’aumônerie de l’ACAR. L’affaire des capucins ‘rouges’ est désormais close, mais le mouvement de l’ACAR continuera ses combats en faveur des luttes des paysans. A sa retraite, atteint dans sa santé, le Frère Charles Dousse a rejoint la Maison Saint François à Sion, où il est décédé. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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