Le franciscain, ancien de custode de Terre Sainte, nommé en juin dernier par le pape François administrateur apostolique du Patriarcat latin, écrit dans sa lettre aux évêques, prêtres et fidèles des paroisses du Patriarcat que «des erreurs ont été commises et des décisions erronées ont été prises qui ont affecté la vie du Patriarcat, sur les plans financier et administratif».
Il pointe notamment les erreurs faites – sans le nommer – par son prédécesseur, le patriarche Fouad Twal – en particulier en ce qui concerne l’AUM, l’Université Américaine de Madaba, première université catholique de Jordanie. Ce projet, une initiative du Patriarcat, a connu des difficultés: à la fin de 2014, le Saint-Siège avait dû intervenir pour faire face à des problèmes administratifs et financiers qui avaient marqué la construction et le lancement de l’institution. Une commission ad hoc, instituée par la Secrétairerie d’Etat du Vatican, avait à son tour confié à un comité local d’administration, présidé par Mgr Giorgio Lingua, nonce apostolique en Jordanie, la mission de «suivre de près et coordonner (…) les travaux de l’Université».
Né le 23 octobre 1940 dans une tribu chrétienne bédouine à Madaba, Fouad Twal a été patriarche latin de Jérusalem entre juin 2008 et juin 2016. Le pape François a accepté sa démission pour raison d’âge et a nommé le franciscain italien Pierbattista Pizzaballa comme administrateur apostolique sede vacante.
«Nous avons échoué dans certains domaines importants, peut-être lorsque nous n’avons pas été suffisamment concentrés sur notre mission première: prêcher l’Evangile et nous consacrer aux activités pastorales», écrit Frère Pizzaballa, ordonné évêque le 10 septembre 2016 dans la cathédrale de Bergame, au nord de l’Italie.
Frère Pierbattista Pizzaballa n’a pas été nommé patriarche latin de Jérusalem, mais seulement administrateur apostolique, jusqu’à la nomination d’un nouveau patriarche. Il a la charge de l’Eglise catholique latine au Moyen-Orient, avec des fidèles en Israël, Palestine, Jordanie et Chypre.
Frère Pizzaballa évoque, sans les détailler, les problèmes qui ont conduit à sa nomination en tant qu’administrateur apostolique, «des situations auxquelles nous devons faire face avec honnêteté, courage, détermination, amour fraternel et, bien sûr, avec une foi forte dans le Seigneur qui nous guide».
«Depuis le 15 juillet 2016, écrit-il, je suis à la tête du diocèse en tant qu’administrateur apostolique. J’ai passé ces derniers mois à apprendre, à m’enraciner dans ce qui est maintenant notre réalité partagée: la vie de notre Patriarcat latin. Au cours des 170 dernières années, ce Patriarcat a joué et joue encore un rôle important dans la vie des chrétiens en Terre Sainte. Nos paroisses, nos écoles et beaucoup d’autres institutions ont beaucoup contribué à la vie des chrétiens dans ces pays et ont renforcé notre témoignage du Christ et de sa Résurrection d’entre les morts. Cependant, nous savons tous que la nomination d’un administrateur apostolique, quelqu’un d’extérieur au clergé du Patriarcat, était une décision inattendue, et que cela a été une surprise pour beaucoup. Cela a mené à la conclusion que tout ne va pas si bien».
Depuis le mois de juillet dernier, Mgr Pizzaballa rencontre des évêques, des prêtres, des religieux et des fidèles laïques, et visite de nombreuses parties du diocèse. «J’ai découvert beaucoup d’éléments positifs, encourageants et porteurs d’espérance, mais j’ai également noté que nous avons des problèmes (….) Une crise, en effet, peut être un lieu de mort, mais elle peut être aussi, avec l’aide de l’Esprit Saint, le lieu d’une vie nouvelle, d’une renaissance dans l’Esprit, le lieu d’une résurrection. Tel est notre engagement, notre espérance et notre prière».
En conclusion, Mgr Pizzaballa dit sa joie de constater que les personnes rencontrées sont «déterminées à résoudre ces problèmes, disposées à affronter honnêtement la réalité et prêtes à s’engager pleinement dans les démarches nécessaires pour nous remettre sur la bonne voie (…) Nous avons beaucoup à faire. C’est maintenant le moment de commencer les travaux de réforme, de reconstruction et de renouvellement dans certains secteurs de notre administration, mais pas seulement. Entre autres conclusions, nous avons décidé en effet de nous concentrer encore davantage sur nos activités pastorales et d’ouvrir, par exemple, de nouveaux bureaux diocésains pour la pastorale qui pourront coordonner et unifier notre travail pastoral auprès de la communauté». (cath.ch/lpj/be)
Jacques Berset
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