Une victime valaisanne du capucin pédophile Joël Allaz se manifeste

Une des victimes valaisannes du capucin pédophile Joël Allaz s’est manifestée publiquement dans la presse. Abusé à l’âge de 11 ans, dans les années 1970 au Foyer franciscain de St-Maurice, Jean-Marie Fürbringer avait porté plainte en 1995. Mais la démarche n’avait pas été plus loin pour cause de prescription.

Jean-Marie Fürbringer a livré au quotidien valaisan Le Nouvelliste le récit de ces abus et de sa reconstruction. Son histoire fait écho à celle que Daniel Pittet a récémment raconté dans son livre «Mon Père je vous pardonne». Le jeune garçon a dix ans lorsque le Père Joël, qui réside alors à St-Maurice, lui propose de faire des photos devant servir à des cours d’éducation sexuelle. Il n’ose pas refuser et subit divers attouchements à plusieurs reprises. Au même moment ses parents l’envoient dans un pensionnat, ce qui lui permettra d’échapper au Père Joël.

Une plainte classée pour cause de prescription

Il ne parle a personne de son histoire jusqu’en 1994, d’abord dans un groupe d’écoute pour les personnes abusées. Il décide alors de porter plainte auprès de la justice valaisanne, mais la démarche n’a pas de suite, à cause de la prescription. Il décide surtout de rencontrer le Père Joël, mais refuse d’entrer en matière sur sa demande de pardon.

En 2008, au moment où l’affaire Allaz fait surface, il est président de l’association de victimes d’abus Faire le pas à Lausanne. Mais il nes ‘exprime pas alors sur son vécu personnel. Il s’investit dans la commission de prévention instaurée par l’Eglise, mais il reste déçu et en colère face au manque de réactions des responsables religieux.

Pour Mgr Lovey, le sujet n’est pas tabou en Valais

Réagissant au témoignage de Jean-Marie Fürbringer, qu’il ne connaissait pas, Mgr Jean- Marie Lovey, évêque de Sion, insiste pour souligner que ce sujet n’est pas tabou en Valais. «Nous ne cherchons pas à cacher les abus. Il y a eu trop de situations où les abus ont été cachés», explique-t-il au Nouvelliste. «Nous enquêtons dès qu’il y a un soupçon, c’est obligatoire. Nous invitons la victime à dénoncer l’abuseur à la justice». S’il ne le fait pas, l’évêque doit le faire.

Mgr Lovey précise aussi dans cet entretien la question de la gravité des faits et les diverses sanctions canoniques possibles. S’il y a risque de récidive, dans tous les cas, l’abuseur doit être empêché d’agir.

Cinq prêtres abuseurs

Depuis son arrivée à la tête du diocèse de Sion, il y a deux ans, Mgr Lovey indique avoir eu connaissance des cas de cinq prêtres qui se sont rendu coupables d’abus sexuels, mais tous sont décédés aujourd’hui, précise-t-il. Huit victimes ont pris contact avec lui. La commission d’accompagnement diocésaine en suit une douzaine. A ce jour, une seule d’entre elles a indiqué vouloir s’adresser à la commission romande indépendante CECAR (Commission Ecoute-Conciliation-Arbitrage-Réparation), mise en place en 2016.

Mgr Lovey souligne enfin que selon son expérience, les victimes ne veulent pas aller sur la place publique pour évoquer ces actes. Et qu’il préfère les accompagner de manière discrète. Mais il est essentiel que les victimes soient reconnues dans leur drame, conclut-il. (cath.ch/nv/mp)

Maurice Page

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