L’Eglise catholique est médiatrice dans la crise politique en cours en République Démocratique du Congo (RDC). Depuis la signature de l’accord, voilà près de deux mois maintenant, le processus est bloqué sur la nomination du Premier ministre. Le Rassemblement de l’opposition veut proposer un seul Premier ministre au président de la République, alors que le président Joseph Kabila exige qu’on lui soumette trois noms.
Dans une déclaration intitulée «Non au blocage», publiée le 28 février par Radio France Internationale, les évêques ont exhorté les acteurs politiques à trouver un consensus, en privilégiant «les intérêts de la population et le bien supérieur de la République». Ils ont estimé que l'»accord historique de la Saint-Sylvestre» est à ce jour l’unique feuille de route réaliste, permettant au pays de sortir de la crise politique et d’aller à des élections générales, présidentielle et législatives.
Pour la CENCO, dont les évêques étaient en session extraordinaire, du 20 au 25 février 2017 à Kinshasa, le mode de désignation du chef du gouvernement «ne peut pas constituer un point de blocage». «Rien ne justifie l’intransigeance» des uns et des autres sur la question, a déclaré le porte-parole de la Conférence, l’abbé Donatien Nshole.
Tout en plaidant pour la tenue d’un «dialogue franc, basé sur la bonne foi et la confiance mutuelle», les évêques ont renouvelé leur engagement à poursuivre leur médiation dans la crise politique, soulignant toutefois que l’Eglise catholique ne pourrait être tenue pour responsable du blocage en cours ou d’un échec.
Ils en ont appelé au chef de l’Etat, Joseph Kabila, pour son implication personnelle, qui aiderait à parvenir à «une nouvelle issue heureuse» du processus de rapprochement politique, en vue d’une transition consensuelle. Ils lui recommandent, particulièrement, de jouer un rôle déterminant dans la nomination «rapide» du Premier ministre, qui sera chargé de former le gouvernement d’Union nationale, dont la mission prioritaire consistera à organiser les élections d’ici fin décembre 2017.
Evoquant les récents saccages, pillages et des autres actes de profanation d’églises catholiques en RDC, ils ont demandé au président Kabila de garantir la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national et l’intégrité du pays.
Les évêques ont particulièrement insisté auprès des médias pour qu’ils contribuent à la cohésion nationale. Les fidèles catholiques ont aussi été invité à «intensifier la prière, à veiller à la protection du patrimoine de l’Eglise et à ne pas céder aux provocations».
A la population congolaise, ils ont lancé un appel «à la vigilance, à l’enrôlement massif et à faire preuve de responsabilité dans l’usage des réseaux sociaux».
En conclusion, les évêques congolais ont rappelé à la communauté internationale, son «obligation morale» de soutenir le processus électoral en cours et d’accompagner le peuple congolais dans la recherche du consensus entre les acteurs politiques et sociaux, afin de finalement trouver une issue pacifique à la crise actuelle. (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
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