L’ermite se voit comme un mélange de Nicolas de Flüe et du moine-auteur bénédictin allemand Anselm Grün, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse, le 15 février, à Soleure. L’homme en impose avec ses longs cheveux blancs, sa barbe touffue et sa corpulence. On le croit lorsqu’il affirme être assez solide pour faire face à la frénésie médiatique qui assaille régulièrement l’ermitage. Ce battage a été le principal facteur du départ de ses deux prédécesseurs.
Il marque dès les premières minutes de la conférence de presse comment il compte confronter le tumulte: avant même la salutation d’usage, il demande cinq minutes de silence. Et effectivement, après que les clics des caméras se sont tus, règnent deux minutes de silence absolu.
«Je voudrais que l’ermitage soit préservé en tant que lieu de silence», déclare Michael Daum, âgé de 56 ans, à l’adresse des médias. «Car beaucoup de gens viennent pour ce silence». L’Allemand sait de quoi il parle. Il vit depuis plus de quatre mois dans le lieu de pèlerinage. Il précise que sa cellule est «chaude et douillette». Il ne souffre pas du froid.
Ses tâches sont notamment d’ouvrir la chapelle à 10h et de la refermer à 17h. Il veille également à la propreté et au bon ordre des lieux. Mais son rôle principal en tant que gardien est – comme le prévoit son contrat conclu avec la commune de Soleure- d’accueillir les personnes.
Des visiteurs qu’après quatre mois, il connaît déjà bien. Il parle de cet instituteur local qui traverse les gorges tôt le matin, ou de cette vieille dame fatiguée qu’il accompagne sur une partie du chemin. Il a également vécu des incidents avec des propriétaires de chiens. «L’on m’a déjà expliqué que certaines personnes ont des laisses mentales», dit-il en souriant. Dans de telles situations, son expérience de 6 ans en tant que policier lui est utile. «Ce n’est pas le rôle de l’ermite de faire la police», assure Sergio Wyniger, président de la commune de Soleure. Il reste pourtant responsable du respect des règles en vigueur dans les gorges, telles que l’interdiction des véhicules à moteur ou de vente d’alcool. Sergio Wyniger en appelle donc au bons sens des visiteurs. Il rappelle aussi que les manifestations de grande ampleur sont indésirables dans les gorges.
Le responsable civil assure qu’il est très content des premiers mois de travail de Michael Daum. L’ermite, avec son dialecte souabe, a une bonne approche des visiteurs, avec son attitude «à la fois déterminée et sympathique». Les médias présents lors de la conférence paraissent également l’apprécier, grâce à son humour, sa patience, son sourire et sa disponibilité.
Interrogé par kath.ch, Sergio Wyniger admet que la commune de Soleure n’a pas tiré de leçons particulières de la démission des deux femmes qui ont occupé le poste avant Michael Daum. Elles avaient toutes deux mentionné le battage médiatique comme une raison de leur départ. La commune a néanmoins pris garde cette fois, avec l’Allemand, de choisir une personnalité capable de faire face à cet aspect. Les autorités ont également décidé de moins médiatiser l’ermitage. Il est ainsi demandé aux médias de ne pas entrer dans les gorges.
Michael Daum a cinq enfants. Il reste en contact avec sa famille par les moyens de communication modernes. Ses enfants sont les seules personnes autorisées à passer la nuit dans l’ermitage. Son plus jeune fils lui a dit en le rejoignant sur place: «Papa, tu as enfin trouvé ton véritable lieu de vie!» (cath/kath/sys/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/nouvel-ermite-de-sainte-verene-nest-objet-dexposition/