La délégation de responsables catholiques alémaniques qui s’est rendue à la nonciature de Berne s’est dite «choquée». Les militants ont discuté plus de deux heures avec le représentant du pape, principalement du remplacement de Mgr Huonder. L’évêque de Coire atteindra en effet l’âge de 75 ans en avril 2017 et devra présenter sa démission.
En Suisse, contrairement aux diocèses de Lausanne-Genève-Fribourg, de Sion et de Lugano – où l’évêque est nommé librement par le Saint-Siège – dans les diocèses de Coire, Bâle et St-Gall, les évêques sont élus selon diverses procédures. Dans le diocèse de Coire, l’élection de l’évêque est effectuée par le chapitre de la cathédrale. Elle se fait sur un choix de trois candidats proposés par le Saint-Siège, choisis d’une liste envoyée à Rome par le nonce apostolique. La mise en place d’un administrateur, comme demandée par «Es reicht», bousculerait ce mode de fonctionnement. Ce dernier arriverait à Coire avec l’objectif de restaurer la confiance entre les diverses parties en opposition à l’intérieur du diocèse, avant l’élection d’un nouvel évêque. Les relations entre certains groupes de fidèles, notamment dans le canton de Zurich, et l’évêché grison sont en effet tendues. Les partisans d’une Eglise «progressiste» contestent régulièrement les positions jugées conservatrices de Mgr Huonder.»Es reicht» a lancé mi-novembre 2016 une pétition demandant cette mise en place d’un administrateur.
La coalition de groupes catholiques a décrit comme «décevante» la discussion qui a suivi la remise du texte. Selon elle, Mgr Gullickson ne prend pas au sérieux la situation «précaire» du diocèse de Coire. Le nonce aurait également exprimé une vision «pessimiste et unilatérale» de l’Eglise en Suisse. Le prélat américain aurait qualifié cette dernière de «famille dysfonctionnelle», dans laquelle presque personne ne se préoccupe de comprendre les choses et dont les membres méprisent la vraie foi. Il aurait néanmoins promis de transmettre la pétition au pape.
Andreas Heggli, l’un des membres de la délégation, s’est inquiété des critères de sélection des candidats au siège de Coire mentionnés par Mgr Gullickson. Selon le pétitionnaire, le nonce a affirmé que Mgr Huonder était, dans le pays, l’évêque le plus fidèle à l’enseignement de l’Eglise. Il en a conclu que le représentant du pape souhaitait un nouveau prélat dans la ligne actuelle du diocèse.
En réponse, «Es reicht» a appelé les principaux acteurs de l’Eglise en Suisse, notamment les corporations ecclésiastiques, les conseils de paroisse et la Conférence des évêques suisses (CES), à écrire au pape pour lui signaler la situation problématique du diocèse de Coire. Andreas Heggli assure que la coalition ne promeut aucune personnalité particulière concernant un éventuel administrateur. «Nous n’avons jamais discuté de noms, mais seulement des qualités que devraient posséder un administrateur, souligne-t-il. Peu importe qu’il ait des vues plus ou moins conservatrices, il doit pouvoir mettre en place des contacts, bâtir des ponts et reconstruire la confiance».
«Es reicht!» est un groupement critique d’organisations catholiques militant pour l’accès des femmes au sacerdoce, la suppression du célibat obligatoire des prêtres, ou encore une réforme de la morale sexuelle de l’Eglise. (cath.ch/kath/sys/rz)
Raphaël Zbinden
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