Amoris laetitia: le cardinal Müller demande aux évêques «d’étudier d’abord la doctrine» avant d’interpréter

Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, s’est exprimé sur le contenu des dubia – sans les nommer – au sujet de l’exhortation Amoris laetitia. Dans un entretien à la revue Il Timone de février 2017, le prélat rappelle à l’ordre les évêques qui sur-interprétent le magistère.

L’exhortation apostolique du pape François Amoris laetitia (2016) «est clairement à interpréter à la lumière de toute la doctrine de l’Eglise», affirme le prélat. «Il n’est pas correct, que tant d’évêques interprètent Amoris laetitia selon leur propre façon de comprendre l’enseignement du pape».

Le 1er février, les évêques allemands ont publié un document qui autorise certaines personnes divorcées-remariées à communier. Les évêques de l’île de Malte en avaient fait autant en janvier, et leurs recommandations ont paru le 14 janvier dernier dans L’Osservatore Romano, suscitant une interpellation de certains de leurs fidèles dans la presse maltaise.

Pour résoudre cette confusion, le cardinal Müller préconise de lire Amoris laetitia dans son ensemble, et non pas seulement quelques «petits passages». Une note de bas de page du chapitre VIII du document, sur les situations de couples fragiles, avait provoqué des interprétations différentes.

«Ceux qui parlent trop»

Le cardinal Müller remarque que «le magistère du pape est à interpréter seulement par lui, ou à travers la Congrégation pour la doctrine de la foi». «Ce ne sont pas les évêques qui interprètent le pape», précise-t-il, car cela constituerait une «inversion de la structure de l’Eglise catholique».

A ceux qui parlent «trop», le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi conseille ainsi «d’étudier d’abord la doctrine sur la papauté et l’épiscopat». En tant que «maître de la Parole», un évêque doit être le premier à être «bien formé», pour ne pas risquer d’être «un aveugle qui guide d’autres aveugles».

Doctrine du mariage réaffirmée

Le préfet affirme encore que pour un catholique, il ne peut y avoir de contradiction entre la doctrine et la conscience personnelle : c’est «impossible». Par exemple, explique-t-il, «on ne peut pas dire qu’il y a des circonstances selon lesquelles un adultère ne constitue pas un péché mortel». Car le péché mortel ne peut «coexister» avec la grâce sanctifiante, rappelle-t-il.

Sur la question de l’accès aux sacrements pour les personnes divorcées-remariées, le prélat réaffirme la doctrine traditionnelle de l’Eglise, celle contenue dans la Sainte Ecriture ainsi que dans l’exhortation Familiaris Consortio (1981) de Jean Paul II. A savoir la nécessité de vivre comme frères et sœurs pour les personnes divorcées-remariées qui souhaitent communier.

Le cardinal Müller souligne encore que le mariage est l’expression de l’unité entre le Christ et l’Eglise : ce n’est pas une «simple analogie, comme certains l’ont dit durant le synode», mais au contraire la «substance» même du sacrement du mariage. «Aucun pouvoir dans le ciel ou sur terre, ni un ange, ni le pape, ni un concile, ni une loi des évêques n’a la faculté de le modifier», précise-t-il encore.

La revue Il Timone est un mensuel italien d’apologétique catholique, fondée en 1999.  (cath.ch/imedia/ap/mp)

 

Maurice Page

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