Vous êtes chargé de la partie liturgique de l’élection. Quel rôle la prière joue-t-elle dans cette élection?
La liturgie est au cœur de la vie de l’Eglise, donc de la prélature. Elle sera centrale dans le Congrès électif. Il commencera par une concélébration eucharistique: la messe votive de l’Esprit Saint ouvrira nos cœurs. Ensuite tous les jours nous partagerons de longs moments de prière silencieuse en commun et nous aurons beaucoup de temps pour le recueillement personnel. Nous nous laisserons enseigner par l’Écriture sainte, spécialement cette semaine la lettre aux Hébreux, les psaumes qui unissent notre espérance, et les paraboles du royaume qui nous rappellent que le plus important c’est ce que Dieu fait. Le Saint-Siège a fixé au 24 janvier la célébration pour la prélature de la fête de Sainte Marie-de-la-Paix, titre de l’église prélatice, en quelque sorte la «cathédrale» de la prélature. Providentiel! Cela nous engage. Nous travaillerons sous le regard de la Vierge Marie.
Le choix du nouveau prélat est ensuite ratifié par le pape. En quoi est-ce important pour l’Opus Dei? Est-ce purement formel?
Cette exigence formelle est grave et pleine de sens. Le pape nomme librement les évêques diocésains. L’Opus Dei appartient à l’organisation ordinaire de l’Eglise, donc le pape en nomme le prélat. C’est essentiel. Il y a dans l’Eglise des procédures diverses, mais la décision appartient au pape. C’est notre père commun. Le pape François est principe et fondement de l’unité de l’Eglise, pour laquelle nous prions spécialement cette semaine avec lui. Tous les martyrs chrétiens intercèderont pour cette unité.
En quoi est-ce un tournant pour l’Œuvre? Quel est l’enjeu?
Je parlerais plutôt d’une nouvelle étape. Le futur prélat n’aura certes pas vécu auprès du fondateur autant que ses prédécesseurs, mais les orientations de l’Eglise et les écrits de saint Josémaria dessinent nettement le charisme et la mission de la prélature. Il lui reviendra d’être un bon père, de nous faire sentir la paternité aimante de Dieu, et d’aider les fidèles à incarner l’esprit de l’Opus Dei dans le monde d’aujourd’hui. Il aura les lumières de l’Esprit Saint, ce dynamisme même de l’amour incréé qui vivifie et renouvelle toutes choses. L’Opus Dei est né dans l’Eglise, il y grandit essentiellement dans l’Eucharistie et la prière: laisser Dieu agir. L’enjeu c’est donc, autant pour le prélat que pour l’Opus Dei, celui d’une humble fidélité, intelligente et généreuse, pleine de foi.
Le charisme de saint Josémaria Escriva était une spiritualité du quotidien. En quoi est-elle nécessaire aujourd’hui?
Tout ce que saint Josémaria a transmis vient de l’Evangile. C’est d’abord la confiance dans la paternité amoureuse de Dieu, sa providence bienveillante et exigeante à la fois. Il faut plus d’estime de la paternité, c’est nécessaire aujourd’hui. L’accent est mis ensuite sur l’amour du monde comme lieu de rencontre avec Dieu et de service au prochain, dans le travail professionnel et les activités courantes: c’est là que s’incarne notre filiation divine. Cet esprit enthousiasme beaucoup de gens. Il répond à des attentes parfois même non formulées. Découvrir dans la prose du monde ce merveilleux poème qu’il nous revient d’écrire avec Dieu! Celui d’une vie pleine de l’espérance du ciel à travers un bonheur ici-bas: la croix et la résurrection, que l’on soit informaticien, avocate, ou quinquagénaire au chômage, que l’on travaille comme fonctionnaire ou dans la cuisine d’un restaurant.
L’Opus Dei est beaucoup investi dans le domaine de la communication. Quels sont les enjeux spirituels selon vous autour de cette question?
La foi elle-même est un message, un message de salut. Elle proclame une vérité qui est d’abord une personne, celle de Jésus Christ. Son annonciation à Marie est la première communication dans l’Evangile. Plus que d’investir en communication, l’important c’est l’authenticité de chaque chrétien, porteur du Christ. La communication chrétienne engage à l’amour de la vérité et de la liberté, dans la certitude que Dieu aime chacun, unique au monde, et l’appelle. Un défi? Ne pas édulcorer l’Evangile, ne pas sacrifier la vérité à la liberté, ni la liberté à la vérité. La vraie liberté, c’est celle d’aimer, de se donner soi-même. Il me semble que montrer à quel point la vérité est aimable et libère est un enjeu essentiel. La joie de la vie chrétienne et le «voyez comme ils s’aiment» qui caractérisaient les premiers chrétiens sont pour moi enthousiasmants: littéralement, se laisser saisir par la passion de Dieu. (cath.ch/imedia/ap/bh)
94 prêtres de 45 pays sont éligibles à la succession de Mgr Javier Echevarria
Tout prêtre âgé de 40 ans au moins, membre du Collège des électeurs et qui fait partie de la Prélature depuis au moins dix ans, dont cinq au moins comme prêtre est éligible. Actuellement, 94 prêtres de 45 pays remplissent ces conditions. Chaque prêtre doit répondre aux critères habituels pour les candidats à l’épiscopat: se distinguer par sa charité, sa vie de prière, son amour de l’Eglise, sa fidélité à la foi et à l’esprit de l’Opus Dei, posséder une vaste culture, aussi bien dans les sciences ecclésiastiques que dans les sciences profanes, et les qualités requises pour bien gouverner.
L’élection a lieu lors d’un congrès réunissant 194 personnes, laïcs et prêtres. Les participants proviennent des 67 Régions dans lesquelles l’Opus Dei exerce actuellement son travail pastoral ; trois d’entre eux représentent la Suisse. L’élu doit être confirmé par le pape. La confirmation papale équivaut à la nomination et à l’entrée en fonction. L’élection doit avoir lieu au plus tard trois mois après le décès du prélat antérieur.
La procédure d’élection a débuté le 21 janvier 2017 par une assemblée plénière du Conseil central pour les femmes, qui compte actuellement 38 femmes de 24 nationalités différentes. Chaque conseillère centrale, indépendamment l’une de l’autre, propose au congrès électif un ou plusieurs noms de prêtres, qu’elle considère aptes pour la fonction de prélat.
Les électeurs, prêtres et laïcs, sont nommés par le prélat avec l’approbation du Conseil général (organe central de direction) ; ils doivent avoir au moins 32 ans et être incorporés à l’Opus Dei depuis 9 ans au moins. Ils doivent provenir de toutes les régions dans lesquelles l’Opus Dei travaille.
Mgr Javir Echevarria, décédé à Rome le 12 décembre dernier à l’âge de 84 ans, était à la tête de l’Opus Dei depuis 1994. Il était le deuxième successeur de saint Josémaria Escrivá qui a fondé l’Opus Dei en 1928. (cath.ch/com/bh)
Bernard Hallet
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