A l’occasion de l’inauguration solennelle de l’Année judiciaire le 21 janvier 2017, le pontife a reçu en audience à la salle Clémentine, les prélats auditeurs, officiels, avocats et collaborateurs du Tribunal de la Rote romaine.
Etant conscient du piège tendu par la culture dominante de l’éphémère et du provisoire, le pontife a reconnu qu’il «fallait un grand courage pour se marier à l’époque dans laquelle nous vivons». Il a ainsi affirmé que ceux qui avaient la force et la joie d’accomplir cette étape importante devaient sentir auprès d’eux l’amour et la proximité concrète de l’Eglise.
En juin 2016, le pape François avait déjà identifié la menace de la culture du provisoire qui pèse sur le mariage catholique. Devant des milliers de Romains rassemblés en congrès diocésain dans la cathédrale Saint-Jean-de-Latran, le pontife avait alors estimé qu’une grande majorité des mariages sacramentaux étaient «nuls, parce que [les époux] se disent: ›Oui’ pour toute la vie, mais ne savent pas ce qu’ils disent, parce qu’ils ont une autre culture».
Reprenant les mots de Jean-Paul II dans son encyclique Fides et ratio, le pape a expliqué que «plus l’homme est éloigné de la foi, plus il s’expose au risque de se retrouver à l’état de fou. Dans cette folie, a-t-il poursuivi, se cache une menace pour la vie».
«Le rejet de la proposition de Dieu conduit à un profond déséquilibre dans toutes les relations humaines, incluant le mariage», a-t-il déploré citant cette fois le pape émérite Benoît XVI dans son dernier discours adressé à la Rote.
Le pontife a ainsi insisté sur la nécessité absolue d’approfondir la relation entre l’amour et la vérité car, comme le souligne le pape émérite Benoît XVI, «tant qu’il est basé sur la vérité, l’amour peut durer dans le temps, surmonter l’éphémère et rester ferme pour s’engager sur un chemin commun».
Le pape François a ensuite dressé les divers profils d’époux de notre temps: «certains participent activement à la vie de la paroisse; d’autres viendront pour la première fois, certains ont aussi une vie de prière intense alors que d’autres sont mus par un sentiment religieux plus générique. Parfois même, des époux se sentent loin de la foi».
Face à cette réalité, le pape a invité l’Eglise à dispenser aux nouveaux époux deux remèdes adaptés. Le premier se trouve selon lui dans la formation des jeunes, «par le biais d’un processus adéquat de préparation visant à redécouvrir le mariage et la famille, selon le plan de Dieu».
Le pontife a ainsi réitéré son appel à faire de la préparation au mariage, un «nouveau catéchuménat». Dans cette perspective, et comme l’avaient proposé les Pères synodaux du Synode sur la famille d’octobre 2015, le pape a souligné l’urgence de mettre en pratique ce qui est proposé dans l’Exhortation apostolique Familiaris Consortio de Jean-Paul II. En vue d’une «participation plus pleine à la vie de l’Eglise», à savoir l’accès aux sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie, le synode avait en effet proposé une voie de discernement, à travers un examen de conscience sous la supervision d’un prêtre.
Il s’agirait, selon le pape François, de faire en sorte que la préparation au mariage fasse partie intégrante du processus sacramentel. Le Souverain pontife espère ainsi empêcher «la prolifération des célébrations matrimoniales non-valides ou incohérentes», telles qu’évoquées à Saint-Jean-de-Latran en juin 2016.
Deuxième solution mise en avant par le pape: aider les jeunes mariés à continuer leur évolution dans la foi et dans l’Eglise après la célébration du mariage. «Il faut identifier avec courage et créativité, a-t-il ainsi encouragé, un projet de formation pour les jeunes couples mariés, avec des initiatives visant à accroître la sensibilisation au sacrement reçu».
La communauté chrétienne, quant à elle, est appelée par le pontife à accueillir, accompagner et aider les jeunes couples. «Souvent, les jeunes couples sont laissés à eux-mêmes, pour le simple fait que l’on ne les voit plus en paroisse», a-t-il regretté mettant en avant «la naissance des enfants et les premiers moments de la vie familiale» comme premiers motifs à l’origine de cet éloignement. En réponse à cette difficulté, le pontife a proposé que soient mis en place des «groupes de référence» dans les paroisses permettant d’ assurer un suivi auprès des jeunes couples. Par ces deux remèdes, le pape ambitionne de passer d’une «vision purement juridique et formelle de la préparation des futurs époux, à une fondation sacramentelle». (cath.ch/imedia/bh)
Bernard Hallet
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