En l’an 2000, de passage à Fribourg, l’Abbé Pierre, alors âgé de 87 ans, rappelait avoir douté de la foi, à 16 ans, avant de décider d’entrer dans l’ordre des moines capucins de saint François d’Assise. «Je suis resté six ans dans la prière, six ans complètement cloîtré dans un petit couvent près de Valence. On dormait sur la planche, on était réveillé toutes les nuits à minuit et de minuit à deux heures du matin, on priait dans la nuit. Et vivre à vingt ans la prière sous cette forme, cela vous marque comme un fer rouge, absolument.»
C’est grâce à la prière, a-t-il confirmé, qu’il a pu tenir le coup avec la vie qu’il a eue et les actions qu’il a menées: «J’ai la certitude que si le Bon Dieu ne m’avait pas fait passer ces six ans de ma jeunesse dans cette école du cloître, si je n’avais pas eu la prière, je n’aurais pas pu aider les autres».
Tous les soirs à six heures, l’Abbé Pierre célébrait la messe dans le plus grande dépouillement, raconte le Père Jean-Marie Viennet qui fut son confesseur. «C’était pour lui fondamental, l’inconditionnel de son existence, cela lui permettait de toujours garder en lui la présence du plus souffrant, une présence à ses yeux sacramentelle et réelle.» Tous les jours il pratiquait l’adoration silencieuse après la messe avec l'»ostensoir du pauvre» bricolé à partir d’un réflecteur de lampe de poche.
Le choix du nom d’Emmaüs pour son œuvre est tout à fait significatif de sa spiritualité comme il l’exprime dans la prière: «Seigneur Jésus, souviens-Toi de cette petite maison là-bas à Emmaüs et du bout du chemin qui y conduit quand on vient de la grand-route. Souviens-Toi de ceux qu’un soir Tu abordas là-bas, souviens-Toi de leurs cœurs abattus, souviens-Toi de Tes paroles qui les brûlèrent. Viens sur notre chemin, brûle-nous le cœur à nous aussi. Entre avec nous T’asseoir à notre feu… Et qu’exultant de joie triomphale, à notre tour nous nous relevions pour bondir et révéler la joie à tout homme du monde en l’Amour à jamais vivant jusqu’à notre dernier souffle… Amen. »
Au-dessus de son lit, l’Abbé Pierre avait apposé une feuille de papier où figurait la phrase «Souviens-toi d’aimer " Sur, sa tombe à Esteville, près de Rouen au nord de la France, une plaque indique: «Il a essayé d’aimer». (cath.ch/mp)
Maurice Page
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