Romain Pilloud, porte-parole des Jeunesses socialistes vaudoises (JSV), qui se sont jointes au comité référendaire, confirme que seulement 8’000 signatures ont été récoltées au 12 janvier 2017. Loin des 12’000 qui auraient été nécessaires pour la poursuite du référendum. Le comité avait 65 jours, depuis le lancement du référendum, en octobre, pour engranger les paraphes. La démarche s’opposait à la décision du Grand Conseil vaudois, en septembre dernier, d’interdire la mendicité dans le canton, suite à une initiative populaire de l’UDC. Le comité référendaire considère cette loi comme «inhumaine, discriminatoire, inefficace et coûteuse».
Romain Pilloud explique l’échec du référendum principalement par le manque de soutien de la part des grands partis. Seules de petites formations s’étaient engagées dans ce combat. Le porte-parole regrette également que beaucoup de Vaudois aient adopté une approche émotionnelle de la question de la mendicité. Selon, lui, les partis en faveur de la loi ont joué de manière efficace sur la stigmatisation des mendiants.
Les Eglises catholique romaine et protestantes du canton, tout en ne s’étant pas ralliées au comité, ont tout de même soutenu sa cause. Sant’Egidio, la communauté Emmaüs et la Fondation mère Sofia s’étaient de leur côté jointes à la démarche référendaire.
Michel Racloz, délégué du vicaire épiscopal dans le canton de Vaud, souligne que la non participation de l’Eglise catholique à la démarche n’était pas du tout le signe d’un désintérêt de la part de l’Institution sur cette question de la mendicité. Il relève qu’un profond débat a eu lieu à l’interne à ce sujet. Mais l’Eglise a voulu respecter l’autonomie du politique dans un domaine relevant surtout de la gestion de la cité, explique le responsable ecclésial.
Suite au vote de la loi, en septembre, le délégué du vicaire épiscopal avait rédigé un document destiné à inciter au questionnement et rappelant la perspective de la Bible face aux plus démunis. «L’objectif était que les fidèles puissent se situer dans ce débat», explique-t-il.
Selon Michel Racloz, la première chose, pour un chrétien, est de voir tout d’abord la véritable personne, avant le «cas social». Il déplore en général l’approche «policière» de la loi. «Pourquoi est-ce que ce sont tout d’abord les forces de l’ordre qui sont amenées à agir face aux mendiants et pas des travailleurs sociaux?», se demande-t-il. Pour le responsable d’Eglise, la nouvelle loi ne cherche pas assez à comprendre et à lutter contre les circonstances qui ont causé ces situations de mendicité. «Il aurait été préférable de mettre en place une diversité de mesures privilégiant l’intégration, plutôt que la répression», souligne-t-il. Michel Racloz estime important que les personnes en grande précarité puissent être écoutées et accompagnées afin de devenir actrices de leur destin. «Avec ce genre de législations, le risque est que l’on cache cette réalité de précarité et qu’on oublie ces personnes», conclut le délégué du vicaire épiscopal. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
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