Il y a deux ans, 60% des Brésiliens se déclaraient catholiques. En 2016, ils n’étaient plus que 50%, révèle une étude publiée récemment par Datafolha, l’un des plus importants instituts de sondage du pays. Compte tenu des marges d’erreur, l’institut indique que la baisse du nombre de catholiques pourrait osciller entre 9 et… 20 millions de personnes, soit la population de Sao Paulo, la plus grande métropole du continent.
L’étude révèle également qu’un tiers des Brésiliens (29%) de 16 ans ou plus se revendiquent désormais évangéliques. La plupart affichent leur lien avec les évangéliques pentecôtistes (22%). 7% affirment appartenir à d’autres Eglises, comme l’Eglise baptiste, presbytérienne ou méthodiste. Autre fait saillant: près de la moitié (48%) des personnes se déclarant évangéliques n’avaient auparavant appartenu à aucune religion. 44% d’entre eux sont passés par le catholicisme.
Le sondage révèle également que 14% des Brésiliens se déclarent ‘sans religion’, 2% s’affirment comme spirites et kardécistes (en référence à Alan Kardec, le fondateur du spiritisme). Une petit frange de la population pratique des cultes afro-brésiliens tels que l’Umbanda ou le Candomblé. 1% se définissent comme athées et 2% se disent adeptes d’autres religions.
Datafolha précise que, depuis le début des sondages sur la religion, dans les années 1990, les deux faits les plus marquants ont été l’augmentation du nombre d’évangéliques et de celui des ‘sans religion’. L’institut relève qu’entre 1994 et 2016, ces derniers ont presque triplé. «Mais cela ne veut pas dire pour autant que ces personnes ont perdu la foi», souligne Reginaldo Prandi, professeur de sociologie à l’Université de Sao Paulo. D’après lui, il est désormais commun que les personnes ne s’attachent pas à une seule institution religieuse, ou qu’elles exercent une certaine forme de spiritualité en dehors d’une Eglise particulière.
«Les gens peuvent ne pas avoir de religion aujourd’hui mais en avoir une demain», relève le sociologue. «C’est beaucoup lié à l’air du temps, aux compromis qu’elles souhaitent ou non assumer. La religion a cessé d’être une condition obligatoire pour être un bon citoyen». Et Reginaldo Prandi de rajouter: «Socialement, la religion n’a plus aucun rôle.»
Le sondage a été réalisé sur un échantillon représentatif de la population de 2828 personnes âgées de seize ans au moins, choisies au hasard. Elle a été réalisée sur 174 municipalités du Brésil. Les auteurs évaluent le niveau de fiabilité des réponses à 95%. (cath.ch/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
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