Reprenant les paroles du réformateur zurichois Ulrich Zwingli, le président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a rappelé que «là où il y a la foi, il y a la liberté». Pour Gottfried Locher, le rôle du théologien dans la Réforme en Suisse et dans le monde ne doit pas être sous-estimé: «en passant de Zurich à Genève, la Réforme a pris une ampleur internationale». Ce qui fait dire à Michel Müller, président de l’Eglise réformée cantonale, que Zurich pourrait se targuer du nom de «ville européenne de la Réforme».
L’héritage légué par les réformateurs est toujours d’actualité, selon le président de la FEPS, «en ces temps où la société est menacée par l’extrémisme religieux. Il devient urgent de rappeler les acquis de la Réforme».
Une Réforme qui ne s’est pourtant pas faite sans heurt. Durant la célébration, le pasteur de la Grossmünster, Christophe Siegrist, a ainsi rappelé l’assassinat, «il y a tout juste 490 ans, de l’anabaptiste Felix Manz. La mort de cet homme, noyé dans la Limmat, reste un point sombre de la Réforme zurichoise».
Autre aspect négatif, selon la conseillère d’Etat zurichoise Jacqueline Fehr: l’image de la femme véhiculée par les réformateurs. Elle a ainsi rappelé la conception du successeur de Zwingli, Heinrich Bullinger, qui comparait les femmes à «un cheval qu’il ne fallait pas trop charger». Selon lui, il importait qu’elles restent à la maison comme une tortue qui devrait sortir le moins possible sa tête de sa carapace.
Cet aspect n’occulte pas pour autant les bienfaits de la Réforme. La conseillère d’Etat rappelle ainsi que ce mouvement a initié un processus de réflexion qui a débouché sur une pensée critique et une volonté de changement. «Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’une des écoles polytechniques les plus renommées au monde a vu le jour ici».
A ses yeux, la commémoration de la Réforme est une chance. «A une époque où les créationnistes accèdent au pouvoir, il est important de renforcer ses connaissances historiques». Dans le même sens, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a affirmé que «beaucoup de personnes restent aujourd’hui dans la même situation que celles des contemporains de Luther. On voit de nos jours se propager des idées et des convictions qui tranchent avec les valeurs de la Réforme. Le pessimisme face à la technique et à la science et l’antilibéralisme sont en vogue». Pour lui, «la première mondialisation et la Réforme nous ont beaucoup apporté en rendant notre vie plus digne d’être vécue et plus intense».
Plusieurs manifestations liées à la commémoration de la Réforme ont lieu vendredi et samedi dans le hall principal de la gare de Zurich, autour du «camion de la Réforme». Parti de Genève le 3 novembre dernier, il fera escale dans 67 «cités de la Réforme» à travers l’Europe. (cath.ch/gs/pp)
Pierre Pistoletti
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