Le sapin et la crèche sont faits et illuminés. Nous sommes à quelques heures de la messe de minuit qui commence en réalité entre 20h et 21h, pour se terminer plus tard à 22h30 «pour des raisons de sécurité». Les coptes ont achevé le 6 janvier un jeûne de 40 jours, en préparation à la nativité de Jésus. Au retour de l’église, ils ont mangé la «fatta«, un repas local composé de riz et de pain imbibés de soupe et couverts de cubes de viande de volaille, de bœuf ou de porc. Pour le dessert, c’est les fameuses «kahk«, genre de biscuits beurrés farcis de caramel ou de pâte de dattes, et saupoudré de sucre en poudre. Pour le jour même de Noël, les réunions familiales sont évidemment au menu, mais les enfants, eux, préfèrent les promenades en plein air.
L’ambiance est moins joyeuse que les années passées, et un peu lourde en raison des victimes des derniers attentats. Les fidèles ressentent la peur, mais sans que cela ne les empêche d’aller assister à la messe. Les conditions de sécurité ont été renforcées pour l’occasion. Les entrées des grandes églises ont été équipées de portiques de sécurité pour détecter les armes et les explosifs. Les fidèles qui se sont rendus dans les églises modestes ont été fouillés manuellement. Les fonctionnaires de police ont vu leurs congés annulés pour assumer la sécurité autour des églises dans tous les gouvernorats d’Egypte, du nord au sud de la Vallée.
Les prières à la cathédrale d’Abbassiya, siège du patriarcat copte orthodoxe, présidées par le pape Tawadros II seront retransmises par la télévision nationale égyptienne, qui filmera surtout la présence de hauts responsables du gouvernement et de l’armée dans les premiers rangs, venus féliciter le pape Tawadros II. Il est même probable que Abdel-Fattah Al-Sissi, président de la République, intervienne quelques minutes en signe de solidarité.
Cette année, l’atmosphère générale est tendue: il y a presque un mois, un terroriste s’est fait exploser dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, au Caire, faisant 28 morts et plusieurs dizaines de blessés, en majorité des femmes et des enfants. Les coptes se sont un peu apaisés avec le deuil national de trois jours décrété par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, mais la colère est remontée avec le meurtre d’un commerçant d’alcool par un islamiste il y a quelques jours.
Officiellement, la relation entre les coptes et l’administration du président égyptien est «comme dans une lune de miel», a déclaré le pape Tawadros II, patriarche d’Alexandrie des coptes orthodoxes. Avec 10 à 12 millions de personnes (environ 10% de la population), les coptes forment la plus grande communauté de chrétiens d’Egypte.
Des observateurs pensent que l’entente entre le chef spirituel des coptes et le président Al-Sissi demeurera tant que les deux hommes seront en poste. Une entente qui est durable, même si les coptes manifestent parfois avec colère contre certaines décisions politiques ou économiques qui ne plaisent pas et subissent la violence.
37 actes de violences d’ordre confessionnel ont eu lieu au cours des trois dernières années en Egypte, soit une attaque en moyenne tous les mois, causant la mort et la blessure de dizaines de personnes. D’une manière générale, les conflits concernent la construction ou de la restauration d’églises.
Pourquoi un Noël le 7 janvier?
Les coptes, chrétiens d’Egypte, célèbrent Noël le 7 janvier, selon le calendrier orthodoxe. Les différences entre ces dates n’est pas théologique, mais plutôt scientifique. L’année se compose de 365 jours et un quart de journée. On ajoute ainsi un jour tous les quatre ans lors d’une année bissextile. Pour le calendrier grégorien, l’année se compose de 365 jours, un quart de jour et 11 minutes. Ce calendrier a été réalisé 15 siècles après la naissance du Christ. Si on multiplie cette différence annuelle de 11 minutes avec toutes ces années depuis la naissance du Christ jusqu’à nos jours, on obtient une différence de 13 jours. C’est la période qui sépare le 25 décembre du 7 janvier. (cath.ch/ll/bh)
Bernard Hallet
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