Né en 1923, originaire de Tione di Trento, dans la région du Trentin-Haut-Adige, Romano Scalfi voulait dès les années 50 réveiller l’intérêt des catholiques pour les problèmes concernant la Russie et l’unité de l’Eglise. Il s’était pris de passion pour la liturgie byzantine dès le séminaire, avant d’être ordonné prêtre en 1948. Il célébrait selon le rite oriental.
C’est «l’une des personnalités qui ont le plus contribué au XXe siècle à la promotion en Occident de la connaissance et de l’amour de la tradition chrétienne du peuple russe et des peuples de l’Europe de l’Est», selon le quotidien du Vatican «L’Osservatore Romano».
Après des études de la culture et de la langue russes au Collège pontifical «Russicum» à Rome, il se rend à Milan pour étudier les sciences politiques à l’Université catholique du Sacré-Cœur. Avec le Centre d’études «Russie Chrétienne», le Père Scalfi s’était assigné comme mission de mieux faire connaître en Occident les richesses liturgiques, spirituelles, artistiques et chorales du monde orthodoxe russe.
Avec quelques confrères, le Père Scalfi Il a lancé son œuvre également pour rendre le public attentif aux persécutions que subissaient alors les chrétiens d’URSS. Il a ainsi contribué depuis l’Italie à faire connaître au monde occidental les samizdats, ces publications clandestines qui circulaient sous le manteau durant l’ère soviétique. «Russia Cristiana» fut l’un des premiers mouvements à entrer en contact avec les chefs de file de la dissidence, en particulier dans le domaine religieux.
La Fondation du Père Scalfi, comme d’ailleurs le Foyer oriental chrétien à Bruxelles ou les jésuites de Meudon, envoyaient clandestinement en Russie soviétique des livres religieux dès la fin des années 50. Pour acheminer leurs livres, ils utilisaient discrètement les canaux diplomatiques ou les touristes. Lui-même acheminait clandestinement des Bibles et des livres religieux au pays des Soviets, jusqu’au jour où, en 1970, il fut interdit de séjour en URSS. Il put à nouveau se rendre dans ce pays qu’il chérissait à la chute de l’Union soviétique, pour apporter son aide à la renaissance de l’Eglise locale.
Sous son impulsion est né à Moscou, fin 1993, le Centre culturel de la «Bibliothèque de l’Esprit», la «Duchovnaja biblioteka«, Soutenue par l’œuvre d’entraide catholique internationale «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED), cette fondation initiée par «Russia Cristiana» a été lancée à l’époque avec le concours de la Caritas de Moscou et de l’archevêque catholique Tadeusz Kondrusiewicz. Elle fut bientôt rejointe par le métropolite Philarète de Minsk, responsable de la Commission théologique du patriarcat de Moscou. Cette institution a contribué dans une grande mesure à la progression du dialogue œcuménique en Russie.
Dans ses dernières interviews, le Père Scalfi se déclarait préoccupé par la recrudescence du nationalisme russe. Il exprimait la crainte qu’après avoir été opprimée du temps du régime communiste, la religion en Russie ne fût toujours davantage détournée à des fins de propagande politique, relève dans sa dernière édition l’hebdomadaire italien «Famiglia Cristiana». (cath.ch/com/be)
Jacques Berset
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