«Qu’ils s’occupent de remplir leurs églises, ce qui n’est pas gagné, et qu’ils laissent après les partis politiques gérer les affaires publiques». Tels ont été les propos de Louis Aliot, vice-président du FN, le 26 décembre, sur FranceInfo. Le député européen, qui a tenu à rappeler qu’il était lui-même catholique, a reproché à une «grande majorité» des évêques d’avoir «craché à la figure du FN» ces derniers mois, rapporte le quotidien français La Croix. Louis Aliot les a accusés de «dénigrer systématiquement» le parti, ainsi que ses personnalités et sa politique.
Le 27 décembre, deux autres leaders du parti ont emboîté le pas au vice-président. L’eurodéputé Nicolas Bay a dénoncé, sur la radio France Inter, «les leçons de morale d’une partie du clergé très prompte à critiquer» le FN. «Nous n’avons pas de leçon de morale à recevoir du clergé sur les questions migratoires. Il fait preuve d’un angélisme total qui est très conformiste», a-t-il déclaré.
Une position reprise le même jour par Gilbert Collard, député d’extrême droite dans le département du Gard, qui a condamné, sur la radio Europe 1, le discours d’une Eglise «déconnectée de la réalité». «Au nom de l’accueil des autres, [elle] nous rejette, nous. Elle est représentée aujourd’hui par des évêques politiques, ce sont des adversaires de la foi», a-t-il insinué.
Plusieurs représentants du parti d’extrême droite français ont dans le même temps continué à proclamer, ces dernières semaines, leur attachement «aux racines chrétiennes» du pays.
La Conférence des évêques de France (CEF) n’a pas souhaité réagir publiquement à ces accusations, note La Croix.
Ces attaques du FN font probablement écho à la longue lettre «aux habitants de France» publiée en octobre par la CEF. Dans ce texte d’une soixantaine de pages, les évêques appellent notamment à " retrouver le sens du politique», dans un monde qui change. La lettre enjoint également à «redéfinir ce que c’est d’être citoyen français, et de promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens».
Marine Le Pen, présidente du Front national, avait réagi peu après la diffusion du texte en estimant que les évêques «ne devaient pas prendre de positions politiques». En 2011, elle avait déjà pressé l’Eglise de s’occuper plutôt «davantage de ses ouailles». (cath.ch/cx/rz)
Raphaël Zbinden
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