Pour Mgr Charles Morerod, «les religions sont parfois un facteur de conflits» lorsque différentes cultures se rencontrent. Il relève en particulier «la difficulté d’intégration d’immigrés musulmans dans nos sociétés de tradition chrétienne, alors que la question se pose moins pour des immigrés chrétiens».
Parmi les sources de ces tensions, «qui ne mènent à la violence que dans le cas d’une minorité d’immigrés musulmans», l’évêque évoque la relégation de la religion à la sphère privée ainsi que le vide spirituel des sociétés occidentales.
«L’islam envisage une grande unité de la vie sociale, écrit l’évêque dans la revue théologique et culturelle qu’il dirige. Or des musulmans se trouvent dans des sociétés où aucune religion ne joue un rôle perceptible dans la vie sociale (…). Là où elle est absente, se crée un vide prêt à être comblé par un nouveau venu. Si en outre ce nouveau venu a une vocation missionnaire – ce qui est normal pour qui estime vraie sa croyance – il travaillera activement à occuper l’espace spirituel».
«Là où la religion est absente, se crée un vide prêt à être comblé par un nouveau venu.»
Sous nos latitudes, cet espace est vide, selon l’évêque. Et ce vide, combiné à la ferme croyance d’immigrés musulmans, «jettent les bases de tensions». Des tensions aggravées lorsque «des immigrés ou descendants d’immigrés musulmans se sentent rejetés et marginalisés. Cela favorise chez certains d’entre eux un rejet de qui les rejette».
En revanche, s’ils se sentent «accueillis chrétiennement», ou «embrassés par la charité (désintéressée) des disciples du Christ», ils sont susceptibles de se convertir. Charles Morerod affirme en effet qu’en Autriche, ces dernières années, «cela a conduit des centaines de musulmans à devenir catholiques».
C’est aussi l’application des lois liées à la migration qu’interroge Mgr Morerod dans sa réflexion. «Que faire face à des êtres humains en détresse?», questionne-t-il. «Bien que personne n’ait trouvé une solution parfaite aux drames des réfugiés, la solution ne passe certainement pas par une négation de la dignité des personnes». Il illustre son propos par le contenu d’une lettre reçue de la secrétaire de l’association suisse de soutien aux migrants Solidarité sans frontière: «Ce sont des Etats de droit démocratiques qui passent des accords migratoires qui reviennent à troquer des êtres humains comme des marchandises, ce sont ces mêmes Etats démocratiques qui refoulent en mer de manière illégale, qui enferment des migrants en prison comme des criminels».
Pour Mgr Morerod, si les «droits qui appartiennent à chaque être humain (…) ne sont pas respectés, il est juste d’invoquer une objection de conscience sans laquelle un Etat sombre dans le totalitarisme». (cath.ch/nv/pp)
Pierre Pistoletti
Portail catholique suisse
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